«Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps ». Après Ahmad Ahmad et Constant Omari Selemani, voici le trio Motsepe, Senghor et Yahya. Enfin votre conjuration a tenu Monsieur Infantino. Et le lendemain? Que ce sera ce surlendemain?
Avant la fin du répertoire extravagant pour l’opéra de ce week-end à Nouakchott, Infantino ferait bien appel à Quincy Jones pour composer le tube de l’année pendant que Martin Scorsese se chargera lui, du clip vidéo qui accompagnera le « sound track » de ce thriller entérinant ce complot de démise de la CAF qui cuvait depuis les bases suisses. L’Accord de Rabat dont les termes de référence ont été dictés par infantino, a accouché de la silhouette squelettique du prochain gouvernement du football africain incarné par la Confédération Africaine de Football. Rabat était le lieu de tous les rendez-vous le week-end dernier, les enjeux en valaient la peine. Les quatre prétendants au trône de la CAF, à savoir, Augustin Senghor, Ahmed Yahya, Jacques Anouma et Patrice Motsepe, s’y sont retrouvés pour se partager l’Afrique de football comme à la conférence de Berlin (1884-1885), avec un Bismarck, couteau à la main, prêt à découper le gâteau sur lequel il était écrit AFRIQUE. Le Bismarck de ce jour, Gianni Infantino, en redoutable héros, dépièce la CAF comme s’il remuait le couteau dans le fond mou du foie gras, soutenu par les propres fils de l’Afrique que Gianni pourfend; et tu quoque, Brutus Infantino!
La lutte sans répit pour la conquête de la dignité africaine propre et de sa liberté contre la soumission au joug du néo-colonisateur, est toujours une tragédie en passe de se perpétuer avec un style qui rappelle la douloureuse épopée esclavagiste qui partait souvent de l’Ile de Gorée aux plantations dans les Amériques. Après avoir fait neuf (9) pays d’Afrique en mois d’une semaine, comme pour titiller Alexandre le Grand, le Conquistador Infantino a réussi son pari, en mettant les Chefs d’Etas et les Présidents des Fédérations de Football Africains, dans son escarcelle. Ses inlassables efforts ont abouti au «The Rabat Agreement », qui sera entériné en Mauritanie à la fin de cette semaine. En voici la mouture: Président de la CAF-Patrice Motsepe, 1er Vice-président-Augustin Senghor, 2ème Vice-président- Ahmed Yahya ; Jacques Anouma a émis beaucoup de réserves sur son éventuel poste de Conseiller Spécial du Président Motsepe. Un coup de génie orchestré, comme il y a quatre (4) ans contre Issa Hayatou. Le 12 mars 2021, l’Assemblée Elective de la CAF ne se tiendra que pour la forme, toutes choses ayant été probablement bouclées. Triste dénouement qui sera coulé tel un perpétuel recommencement à chaque fois qu’il va s’agir de l’élection du Président de la CAF.
Chouchou du Patron de la FIFA et beau-frère du Président Cyril Ramaphosa d’Afrique du sud, Patrice Motsepe compense ses lacunes en politique africaine de football en brandissant son carnet d’adresses, contenant les noms de puissants businessmen, lui qui s’assoit au conseil d’administration de plus de trente (30) sociétés. Par simple syllogisme asymptotique, un coup de fil suffirait pour coopter les sponsors aux bourses remplies de liquidités et renflouer les caisses d’une CAF exsangue depuis le départ de Lagardère. Mais il ne s’agirait pas du dernier son d’une cymbale; l’habitude ayant toujours la force d’habituer même à l’inhabituel, les accointances entre Patrice et Infantino ne sont pas différentes de celles qui existèrent du temps d’Ahmed Ahmed et Constant Omari. Tant que le suisse n’y trouvera plus son compte, les alliances seront dépeintes et défaites, on tourne la page et on recommence; la CAF en pâtira et fera du sur place comme à l’accoutumée, sans que personne ne se soucie de son essor.
Cet assujettissement aveuglement irréfléchi à la FIFA et surtout à Gianni Infantino, par les dirigeants africains, même au sommet des états, est une tare pour les animateurs des institutions dans le continent. Il est invraisemblable que la CAF bifurque ses sentiers pour emprunter celui de Gianni. En fin calculateur, les fourberies de Gianni lui sont porteuses de victoire, pour rempiler un autre mandat à la tête de la FIFA. La bergerie de ses moutons de panurge, faite en majorité des africains, lui fait vivre des périodes grasses sans que ces africains ne soient choqués par l’obscurantisme de leur lendemain.
Forte de 54 Fédérations de Football en termes de représentativité, la CAF est la plus grosse confédération et dispose d’un pouvoir de négociation suffisamment important pour fléchir les tendances à sa guise. Un tel bloc votant n’a pas besoin de la bénédiction de Gianni Infantino pour s’assurer, au vu de sa supériorité numérique. La présence à la tête de la CAF d’un président qui n’est pas d’obédience Infantino ne changerait pas la donne. Infantino aura toujours besoin de lui pour sa réélection à la tête de la FIFA, et il sera obligé de composer avec lui, quoiqu’il advienne. La réduction des Fédérations Africaines en sous-fifres du Léviathan Gianni, témoigne de la lâcheté des dirigeants de la CAF qui peinent à trouver une issue heureuse à partir de laquelle cette CAF pourrait jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale. Il est nécessaire de réfléchir à une nouvelle génération de leaders post Infantino, capables de relever plusieurs défis comme ceux de la fragmentation de l’espace football, de l’histoire et du savoir relatifs au football sur le continent, de la refondation d’une CAF sans infantilisation, de la promotion du flair africain et des spectacles hors pairs, et de la mise en place de nouvelles conditions pour la rentabilité de ses compétitions et le marketing, gages d’un développement durable. C’est sur la manière d’affronter ces différents défis que se pencherait la nouvelle CAF afin de tenir la dragée haute aux spoliateurs. Voilà un géant qui s’endorme! L’unité entre les fédérations prend toujours de l’eau de toutes parts. A l’instar de Leon Gontran Damas, « L’universelle supériorité de l’homme qui n’est pas bête qu’un autre est ce que je connais de plus écrasant», la CAF ne sera jamais une semence plantée aux côtés de moulins à vent. Une fois le fond touché, plus d’autres alternatives que de remonter à la surface; ainsi se dessine la mue de la CAF à laquelle tout africain, où qu’il soit, aspire.
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