mars 10, 2025

amagep

Ici pour vous!

Ndaye Mulamba: La Pénibilité Posthume d’une Légende!

Ce 26 Janvier 2020 marque le premier ‘anniversaire de la mort de la légende du football en RépubliqueDémocratique du Congo, Pierre Joseph NdayeMulambaMutumbula, décédé ce jour à Sandton Clinic, dans la banlieue de Bryanston, à Johannesburg. Ses neuf (9) buts en une seule Edition de la CAN en 1974 en Egypte le place très haut sur le panthéon de la gloire.

Record inégaléplus de 45 ans après, qu’il a emportéavec lui dans lesépulcre le 26 Février 2019 au cimetière Entre Ciel et Terre où il demeure pour l’éternité, dans la commune administrative de la N’Sele. En cette journée sinistre, la Confédération Africaine de Football brilla par son absence notoire. Aucun membre de l’instance dirigeante du football continental, ni de représentant, ne foulera le sable mouvant et chaud du cimetière.Jeff M. Katala, Journaliste Congolais basé en Afrique du Sud, qui raccompagna la dépouille mortelle de l’illustre disparu par le régulier de Congo Airways le 24 Février 2019 en provenance de Johannesburg, en prit bonne note pour immortaliser ce manque d’intérêt, en dépit de l’énormissime contribution de ce fils du Kananga MalandiwaNshinga, ancien Luluabourg,  à la notoriété de la CAF dont elle est usufruitière à ce jour.
Cinq jours avant le rapatriement mortuaire de Ndaye, Jeff M Katalaavait organisé un service religieux et lança un appel pour que le monde de football  participe au service religieux à la mémoire de Ndaye à Johannesburg le 19 février 2019.Seuls les membres de la communauté RD congolaise vivant principalement à Johannesburg étaient présents malgré les difficultés financières auxquelles la communauté était confrontée. Les malheurs de Ndaye ont continué à être entretenus  car aucun dignitaire n’a assisté au service, pas même un représentant de l’ambassade de la RDC à Pretoria. Le bénéfice du doute serait accordé à SAFA pour manque d’informations sur le décès de Ndaye. Il est certain que le président de la SAFA, Monsieur Danny Jordan, serait intervenu positivement si les informations lui avaient été transmises. En tant que président du comité d’organisation local de la Coupe du monde de football 2010, il a défilé l’ancien buteur de la RD Congo aux côtés d’autres légendes africaines dans la campagne de promotion de la coupe du monde.

 

Bien qu’il soit surtout connu pour avoir été le goléador attitré de la CAN Egyptienne et en terminer MeilleurButeur, l’héritage de la star légendaire est tellement éléphantesque que la disproportion de sa propre viecontinue à étonner le commun des mortels. Outre ce pedigree, Mustang fut également l’un des architectes de l’équipeBanayaVeya qui a remporté l’unique succès de l’AS V Club  en Coupe d’Afrique des Clubs Champions (le précurseur de la Champions League actuelle) en 1973 contre Kotoko de Kumasi (2-4 ; 3-0) aux côtés du capitaine KibongeMafu, Tubilandu, LobiloBoba, Luyeye, Kondi, Ricky Mavuba, MaufrancMambwene, Garry Ngasebe, AdélarMayangaMaku, Jean KemboUbaKembo et Tumba Pouce, sous la houlette del’entraineur Feu Yvon Kalambayi. C’est l’épopée du Score Continental; ce qui revient à dire que  toute équipe africaine qui se rendait à Kinshasa perdait par 3-0. Stade Malien, Léopard de Douala et Kotoko en ont fait les frais. Et grâce à cette niaque psychologique V Club a remporté cette coupe d’Afrique des Clubs de 1973 devant le club de Kumasi par 3-0 vengeant ainsi Mazembe qui était battu deux ans plus tôt par ce même Kotoko au stade du 20 mai. Volvo (l’un de ses multiples sobriquets), est co-auteur du doublé Championnat- Coupe nationale, réalisé par V Club en 1972, 1973 et 1975.

 

S’il est avéré que c’est dans la pureté de son chant que l’on juge de la sérénité du cygne, une mort par  accident n’est digne d’un hommage particulier que la mort naturelle! Au cours du pénultièmeweek-end de toutes les compétitions des clubs de la CAF pour la saison  2018-2019, tout le monde est resté immobile et debout pendant une minute, dans les stades des matchs,  pour rendre hommage à Hussein Swaleh, Commissaire des Matchs Kenyan de la CAF qui a péri dans un avion qui s’est écrasé à Addis-Abeba, peu de temps après son décollage, tuant tout le monde à bord du vol d’Ethiopian Airlines à destination de Nairobi. Victor Marah, l’arbitre sierra-léonais qui s’est effondré et déclaré mort alors qu’il officiait une rencontre, a bénéficié d’un autre type d’hommage. La vie d’Husseinfut loin d’être un fleuve tranquille, non éthiquement propre. Son implication dans le scandale de la tricherie liée à l’âge fut assortie d’une suspension avant que cettedernière ne soit levée par la CAF dans des circonstances non encore élucidées.  A contrario, NdayeMulambe est mort comme il a vécu, dans une paupérisation plébéienne indescriptible, sans reconnaissance particulière, hormis l’invitation de la CAF pour assisterà la phase finale de la CAN en Tunisie en 1994; une invitation qui le hantera toujours, même dans l’au-delà. A son retour de Tunis à l’issue de cette CAN, il fut l’objet des pillages, coups et blessures et du vol à mains armées, perpétrés par les présumés coupables qui lui réclamaient le butin de la CAF.Il perdit son fils de 11 ans pendant qu’on lui infligeait des lésions corporelles et autres blessures graves. C’est l’hégirepour Volvo vers l’Afrique du Sud où Ndaye en a vu de toutes les couleurs. Hébergé pendant des longues années par Monsieur Pierre NzuziTshilunga – frère de Maman NzuziwaMbombo: “Je suis heureux ici (à Khayelitsha); j’ai la liberté – la vraie liberté. » Pleurs sous forme d’un credo sacerdotal pour un footballeur célèbre, une légende qui a connu une fin indigne et de mauvais augure; quelqu’un qui a été honoré dans son pays, qui est reconnu, comment aurait-il pu être abandonné de la sorte?

 

Le cinéaste MakelePululu fit sa rencontre au début des années 2000, et en 2009 il lui propose de tourner un film documentaire relatant sa vie, afin qu’il en récolte des retombées pécuniaires conséquentes pour sa survie. Pululu convainquit RainbowCircle Films d’y investir. Lors du tournage cette mêmeannée,MulambaNdaye a rencontré Danny Jordaan, le Chairman du comité local d’organisation de la Coupe du monde 2010, ainsi que le vice-président de la SAFA (FédérationSud-Africaine de Football Association), MweloNonkonyana dans leur campagne de promotion de la Coupe du Monde en Afrique. Il a pris part au tirage de la Coupe du monde au Cap, et assisté à la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde à Johannesburg.Emu par cette reconnaissance, il a assisté au match d’ouverture à Soccer City de Soweto à Johannesburg. Le Comité d’Organisation lui avait organisé trois billets VIP ainsi que l’hébergement dans un hôtel 5 Etoiles de la place. Ndaye était de toutes les invitations relatives au football avant que l’on donnât le coup d’envoi de la Coupe du Monde, C’est ainsi qu’il fut invité à un gala à Johannesburg où il a rencontré certains des joueurs qui ont évolué à son époque dont l’ivoirien Laurent Pokou– l’Homme d’Asmara et Osei Kofi du Ghana.

 

Ayant été l’un de tous premiers managers (non agent) de joueurs congolais en Afrique du Sud, s’il n’était pas le premier, vers les années 1993-1999, Jeff M. Katala a eu le privilège de côtoyer et d’entendre la légende lui narrer ses épopées autour de repas qu’ils eurent ensemble ou lors des rencontres de la Premier League anglaise à la télévision dans son salon;  surtout les pratiques fétichistes et la perte de mémoire momentanée de Mwepu contre le Brésil en Allemagne à la coupe du monde. Jeff raconte avoir été émerveillé par la gigantesque quantité du piment rouge que l’ancien sociétaire de l’AS Bantou et US Tshinkunku ingurgitait magistralement. Pour lui, ajoutai-il, le piment est un légume.  L’appartement de trois (3) chambres que louait Jeff Katalaà Bellevue fut le lieu de rencontre de tous les joueurs congolais évoluant en Afrique du Sud. Et ce ne sont pas les BuneneNgaduane alias Ngondo, MamaleZorino, Baby LiswaNduti, Paulin Wanga, Berio Okitakatshi, MerikaniPangi, PatyLokose, PeleweDelamongo, PitchouKanga, BotendeEtshele, Patrick Kazadi (fils du grand gardien Kazadi d’antan), Feu Bakasu, Kidoda, KisombeMundabi alias Kunde, Etienne Sunda, Feu Tomisi, Papy Mangituka…qui s’inscriront en faux. Son rôle par intermittence de colistier à MuambaNozi à Johannesburg, Ancien Président de la FECOFA, lui permit de s’occuper de la logistique des équipes congolaises de passage à Johannesburg, soit pour les entrainements et transits ou les matchs officiels. C’est ainsi que Jeffrencontrera la génération de 1996 qui joua contre l’Afrique du Sud en novembre 1996 (match perdu 1-0) en éliminatoires du mondial 1998 en France, dont le capitaine Simba, Tokala, Kaskito, KorandoKasongo, Kimoto etc…

 

A son retour au pays, celui qui aurait pu signer pour Paris Saint Germain en 1973 commençaàpercevoir une rente du gouvernement de la République de U$ 500, 00 dont la régularité fut un éternel bégaiement,  la FECOFA assurait la sienne (régularité) en lui versant U$ 200, 00 de plus, à l’instar d’autres anciens léopards de 1968 et 1974. Mais Ndayeavait un nec plus extra du côté de l’Hôtel de Ville de Kinshasa pour lui permettre de mener une vie modeste, mais pas comme celle d’autrefois quand tous les vainqueurs de Moseka reçurent des lopins de terre et voitures Passat, cadeaux du PF – Président Fondateur.

 

Il est rapatrié en Afrique du Sud pour urgence médicale en Septembre 2018 par l’Etat Congolais à travers le Ministère des Sports. C’est à cette période que Jeff Katalaa connu sa fille Divine Sylvie Ndaye qui l’accompagnait. Affaibli, malade, déprimé et épuisé, le mutumbula (fantôme) ne put le reconnaitre. Il manque de force!Sa seule prière étant d’en finir avec toutes les formes de souffrance et dormir à jamais. Son souhait fut exhaussé le 26 Janvier 2019 de triste mémoire.Au rapatriement de ses restes mortuaires, à l’escale de Lubumbashi, Florent Ibenge, ex coach des Léopards était à l’aéroport de la Luano, en partance pour Kinshasa, après que V Club eut livré un match contre Lupopo dans le cadre de la LINAFOOT. Avec Jeff Katala et Yves Balemo (représentant du Ministre des Sports Papy Nyango), ils prirent la même correspondance pour joindre Kinshasa vers minuit. On verra Ibenge s’entretenir avec les anciens léopards venus saluer la mémoire de l’un des leurs, en même temps qu’il aide (Florent)à descendre la dépouille de la soute de l’Airbus 320-220 de Congo Airways pour la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire qu’ils rejoignirent après 01h00am du 25 Février 2019.

 

Mais Ndaye n’entend ni ne voit quand le nouveau Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat, Son Excellence Vital Kamerhe lui décerne la plus Haute Médaille de la République au Palais du Peuple de Kinshasa le 26 Février 2019, sous la rhapsodie du groupe folklorique les Bayudas du Congo de son terroir et la cadence de la fanfare apprêtée pour la cause, qui propulsèrent la salle bondée du monde à ramasser les fragments de différentes mélodies dans une harmonie dont le répertoire comportait les sons de cymbales, de timbales, de xylophones et d’accessoires de percussion. La cérémonie est solennelle, ponctuée d’eulogies et oraisons funèbres par les dignitaires et autorités politiques de la République y  conviés, avant que le cortègefunèbre ne s’ébranle le long du Boulevard Lumumba pour l’inhumation. Il avait été constaté que la Fecofa ne put être associée de loin ou de près à la gestion du dossier médical et funéraire de Ndaye, alors qu’une telle prorogative aurait relevé de l’instance nationale de football en RDC.

 

Dès son retour des funérailles, c’est à partir de Johannesburg que le journaliste Jeff Katalaécrit une virulente lettre (en anglais) adressée au Secrétaire Général Adjoint en charge du Développement de Football (avec copie au Directeur de Communication de l’époque- la Malgache Nathalie Rabé), le ghanéen Anthony Baffoe, pour lui expliquer le mépris des dirigeants de la CAF. Loin d’être une vendetta personnelle, la lettre visait la non reconnaissance de la CAF envers Ndaye mais aussi envers d’autres anciennes gloires africaines en l’occurrence Charles Gyamfy, Abdul Razak (Golden Boy), Laby Keita aliasPapa Camara et Sylla Bangoura de Hafia de Conakry, Paul Moukila, DombaGéomètre, GodfreyChitalu, Manga Ongnuene, Abdoulaye Traore, Serge Alain Maguy, Laurent Pokou, Doumbé Léa etc… Le ton de la lettre fut explicatif de la négligence de la CAF envers ceux qui ont richement contribuéà son existence. Les échanges furent nourrisavec l’administrateurghanéen et le journaliste congolais qui ne recula d’aucun cran pour exprimer sa pensée. C’est ainsi que le 30 Juin lors des derniers jours de la phase de groupes de la dernièreCoupe d’Afrique des Nations Total – Egypte 2019, la CAF a décidé d’honorer l’ancien attaquant de la RD Congo Pierre NdayeMulamba, recordman du plus grand nombre de buts en une seule campagne de la CAN. Tony Baffoe appela Jeff Katala pour lui en informer mais ce dernier lui rétorqua de la  belle manière que la lutte ne fait que commencer. Le Président de la FECOFA et 1er Vice-Président de la CAF, Mr Constant OmariSelemani avait engagé une initiative similaire à son niveau de la hiérarchie, apprendra-t-on dans la foulée. Jeff est catégorique, il demande à la CAF d’instituer un Award du Meilleur Buteur portant le nom de Ndaye lors des prochaines éditions des CAF Awards. Et pour sa Première Edition, il insiste que Sylvie Divine Ndaye, celle qui fut au chevet de son père grabataire, soit présente à la cérémonie, aux frais de la CAF, nonobstant le fait que la mission ressemble aux rêveries d’un sourd-muet.Mieux vaut avoir tenté et se casser les dents, que de n’avoir rien entrepris etémettre les regrets par la suite. Une Commission chargée des Anciennes Gloires devrait avoir le jour. En Europe la plupart des anciens joueurs ont des postes clés dans l’administration de football. Van Basten, Van der Sarr, Boniek, Boban, Domergue, Joel Bats, Rumunigge, Beckenbauer, Dieter et UliHoeness, Sepp Maier, etc… jouent leur partitions dans la parcelle du football européen et mondial.

 

Dans l’outre-tombe, Ndaye a écouté les pleurs de ses fils et filles à Kinshasa lors des obsèques de leur géniteur. A six, ils ont été conviés par le Pacificateur Vital Kamerheà retirer un montant équivalent à U$ 30 000, 00 après la cérémonie au Palais du Peuple et l’enterrement. L’ancien Ministre des Sports, Papy Nyango, qui siège actuellement au parlement,  avait pris partà ce petit tête-à-tête. Le patron des Sports donna son accord sans rancœur avant d’y réserver une fin de non-recevoir par après,même sous la menace de la progéniture de Ndaye.Pendant l’hospitalisation de son père, Sylvie Divine Ndaye ne recevait plus de rançon qui lui était due par l’Etat Congolais en tant que garde-malade. Elle sera chassée de l’hôtel qui jouxtait la clinique où était interné son père pour se retrouver à Yeoville entrain de squatter jusqu’à la mort de celui-ci.  Nyango jura mordicus de ne plus remettre la somme précitée aux enfants Ndaye. Dira-t-il dans la foulée « Je dépends du Premier Ministre et Non de Kamerhe ». Je m’en vais remettre le reliquat au Trésor. On espère en tout cas….Pendant que le nouveau Président Felix Tshilombo prône le changement de mentalité, les prédateurs d’orphelins de la trempe de Nyango doivent être punis, bannis, impeachés de tout mandat politique. Le vol, l’arnaque, la séquestration ne constituent pas l’arsenal des valeurs de probité morale dans la République. En adressant un panégyrique à Ndayece jour du 26 Février au Palais du Peuple lors des obsèques nationales, Nyango avait promis la construction du Stade Ndaye de 40 000 places dans son fief de Kananga. Où en êtes-vous avec les travaux, Son Excellence Mr le Ministre  Honoraire ? Qu’en est-il de la couverture médicale promise aux léopards jusqu’en 1990? Des propos pompeux avec un fond creux!

 

Avec son décès, NdayeMulamba est devenu le cinquième membre de l’équipe de 1974 à décéder après KazadiMwamba, Mwanza Mukombo, Jean KemboUba-Kembo et Mwepu Ilunga.

 

Une fois encore, le pays alugubrement montré qu’il restait un excellent joueur d’échecs qui maîtrise à la fois le timing et le tempo de ses actions très bien coordonnées pour dépouiller les orphelins. Plongés dans le chagrin, les enfants Ndaye sont témoins de l’absence d’éthique funéraire à leur endroit et par rapport au respect des morts; ils en ressententde la tristesse, de la culpabilité, de la peur, de la colère ou encore des regrets; ces souffrances qui s’érigent enpénibilité pour Papa. Ce n’est pas un comportementd’outre-tombe d’un père de famille qui provoque l’affliction, mais la méchanceté des vivants dont l’ignominie trouble la jouissance de la quiétude du tombeau.Le peuple a besoin d’une riposte finement calibrée pour franchir les lignes rouges et limiter la désescalade, en étoffant une effigie, un monument qui illustre la grandissime dimension de Joseph Pierre NdayeMulamba à titre posthume.