« Bimi Ombale et moi avons compris que nos destins étaient liés », le chanteur Mbuta Mashakado ne croyait pas si bien dire en réaction à la mort de Mwana Wabi dans une interview accordée à Afriqu’Échos : 40 jours plus tard, il a rejoint son ami et collègue de Zaïko Langa Langa dans l’au-delà.
C’est ce mercredi 22 juin, à 3 heures du matin, que « Yaya Brown » a rendu l’âme sur un lit d’hôpital en Afrique du Sud. Prémonition ou juste une phrase lâchée comme ça, Mashakado aura quitté la scène, toutes les scènes, sur une sorte de facétie qui tranche avec celles nombreuses qui émaillaient ses prestations scéniques de folie. Malgré l’optimisme qu’il avait affiché dans cette interview, la maladie a eu raison d’une des plus grandes bêtes de scène que la musique congolaise ait connue.
Mbuta Mashakado n’a pas connu véritablement une grosse carrière, mais une carrière marquée par des coups d’éclats sur scène et dans la vie des deux orchestres avec lesquels il a brillé : Zaïko Langa Langa et Yoka Lokole créé par les dissidents du premier cité. Dans Zaïko Langa Langa, outre sa voix très remarquée dans « Elo » (sans doute le plus grand tube de cet orchestre), une de ses prestations scéniques télévisées dans la chanson « Beli Mashakado » reste une pièce d’anthologie. Son tempérament explosif sur scène a, des tous temps, épousé très bien le caractère bien trempé de ce chanteur. Plus tard, Papa Wemba en fera les frais en se faisant congédier sans égards par Mashakado avant que lui-même ne quitte le groupe et de remonter un jour sur scène pour annoncer son retour « Na canaille kaka », traduisez : « Je reviens et je vous emmerde ».
Après de nouvelles déconvenues avec Yoka Lokole qui a sombré après le départ de Papa Wemba, Mbuta Mashakado va gagner l’Europe pour des études. Il retournera à Kinshasa, en 1988, avec des compétences en électricité et dans le froid. Le chanteur demande alors à réintégrer Zaïko Langa Langa mais les administrateurs lui demandent de formaliser sa demande par écrit. Pour Yaya Brown, ça serait une humiliation qu’il refuse. Lorsque l’orchestre connaît une dissidence, il va choisir le camp de Zaïko Familia Dei avec Bimi Ombale et Pablo notamment.
Le dernier numéro spectaculaire de Mbuta Mashakado
Dans une conversation que nous avions eue à son retour, Mbuta Mashakado promit de démontrer qu’il n’avait rien perdu de son talent. Et le showman tiendra parole le jour de la sortie officielle de Familia Dei à l’Hôtel Intercontinental. L’orchestre était en train de jouer la dernière chanson sur une scène d’environ 80 cm de hauteur. Le chanteur se laisse aller à une partie de danse tonitruante, patinant, tournant sur lui-même et sautillant… Bimi Ombale et JP Buse qui ont peur de prendre des coups de coude ou de pied arrêtent de danser, désertent leurs places et vont se placer sur les bords de la scène. Le chanteur, déchaîné, n’en a cure, il est dans son élément et ne s’en rend même pas compte. Lengi Lenga, qui s’en amuse, va faire une tape à Mashakado et lui proposer un duel. Les deux chanteurs se font face. Très bon danseur, Ya Lengos donne une leçon de danse à son collègue qui l’observe comme un félin. Passé ce temps d’observation, Yaya Brown va patiner à reculons jusqu’au bord de la scène, quand il revient en dansant vers Lengi Lenga, c’est un ouragan qui déboule, Mashakado danse avec une telle énergie que son partenaire quitte la scène en vitesse avec un grand éclat de rire… Toute la salle est debout, subjuguée, conquise ! C’est sur ce feu d’artifice que le concert s’arrêta.
Une demi-heure plus tard, Mbuta Mashakado, les mains dans les poches, regard pétillant, sourire facétieux s’avance vers moi essayant de m’arracher un compliment, je lui lance alors chaleureusement : « Yaya Brown ! », dans un éclat de rire nous nous jetons l’un dans les bras de l’autre. Depuis, nos chemins ne se sont plus croisés jusqu’à cette interview d’il y a quarante jours avec Jossart Muanza à qui il demanda de me saluer très chaleureusement de sa part. Adieu l’Ami !
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