mars 10, 2025

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Ici pour vous!

Félix Wazekwa : Appelez-le Jean de La Fontaine !

 

«  La raison du plus fort est toujours la meilleure », « Petit poisson deviendra grand », « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point », « Aide-toi, le Ciel t’aidera », « Le flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute »…

 Souvenez-vous, tous ces adages, dictons, et expressions entrés dans le langage courant sont de lui : le Français Jean de La Fontaine. Dans le même registre, si la création congolaise était correctement véhiculée par le livre et le disque, Félix Wazekwa serait le plus grand pourvoyeur du lingala aujourd’hui. Ce chanteur a une telle maîtrise des mots qu’il leur donne cette magie moralisante qui grossisse nos petits et grands travers pour mieux les étaler, les dénoncer : «  L’idiot va rentrer dans la forêt pour abattre un arbre afin de se fabriquer juste un cure-dent », « Le moustique est mort bêtement parce qu’il s’est approché des mains qui claquaient pour l’écraser pensant qu’on était en train de l’applaudir ». Deux dictons signés Wazekwa qu’on peut appliquer aussi bien aux hommes politiques qu’aux pères de familles et au commun des mortels dans ses gestes les plus banals du quotidien.

Ce samedi 11 avril 2009, Félix Wazekwa se produira à l’Olympia afin de recueillir cette part d’onction qui consacre toute carrière musicale comme le veut les us et coutumes du milieu. Dans cet antre d’où l’on sort forcément auréolé indépendamment du spectacle produit, ce chanteur va repenser le show congolais : il annonce 80 % de temps réservés à la danse et 20 % seulement à la chanson. Une nouveauté enfin, car depuis 40 ans le show congolais s’est enfermé dans deux modèles : celui d’inspiration américaine initiée par Tabu Ley et inauguré à l’Olympia en 1970, puis le modèle Zaïko Langa Langa basé sur le mélange du folklore urbain (Bana Odéon), de la musique traditionnelle humbu et des chorégraphies des chanteurs dynamisés par des atalaku (animateurs). Le coup de poker de Wazekwa mériterait qu’on se rende, le 11 avril prochain, à l’Olympia pour jauger le génie de cette troisième voie, de ce show alternatif. Mais une fois revenus à nos CD et DVD, il conviendrait d’ouvrir largement nos oreilles au verbe qui instruit, au verbe qui édifie : celui de Félix qui revendique son devoir d’accompagner les mutations de la société congolaise : « Le développement ne peut se réduire au confort matériel, car il n’est même pas envisageable sans un nécessaire changement des mentalités. Je pense que c’est également le rôle de l’artiste en dehors de la recherche de l’esthétique, du beau ».

La palme du verbe, l’atout clips

Félix Wazekwa aurait indiscutablement fait un bon écrivain, un très bon fabuliste. La RDC aurait eu, à travers lui, son Jean de La Fontaine. Le chanteur en convient : « Effectivement, je pense que ma vocation première est l’écriture, mais chez nous on lit très peu : le livre est très peu produit, très peu distribué et très peu lu. J’ai donc choisi l’option du disque qui est aujourd’hui au Congo le meilleur vecteur des pensées ». L’on peut effectivement s’accorder que Wazekwa n’a pas révolutionné la musique congolaise et a même essayé, dans ses débuts, de marcher dans les pas des autres musiciens. Depuis, il a essayé de se trouver une musique qui correspond à son chant et sur laquelle, comme le petit poucet du conte avec des petits cailloux blancs salvateurs, il dépose des adages à foison pour ramener, ceux qui écoutent ses chansons, dans la maison de la sagesse.

Et dans cette ère du triomphe de la vidéo dans la musique congolaise, Wazekwa soigne ses clips avec des chorégraphies très appréciées du public et surtout de jeunes enfants qui les reproduisent à merveille et avec une joie très communicative. Et comme le fabuliste est aussi appelé poète moraliste, ses danseuses sont presque toujours décemment et élégamment habillées. Le contraire aurait été étonnant de la part de ce chanteur qui sème la sagesse à tout vent.

Source

Afriquechos