Pour la première fois qu’il devait s’exprimer dans Afriqu’Echos Magazine (AEM), Eugide Defer m’avait fixé rendez-vous dans un café malfamé de Château rouge à Paris. Un choix éloquent pour entretenir le portrait qu’on lui dresse, celui d’« un gars qui passe sa vie à Château rouge et dans les nganda (bistrots
congolais) et celui d’un producteur du ghetto avec toujours ses DVD dans le coffre de sa voiture ». Et pourtant, tous les matins, très tôt, Eugide Defer sillonne les routes de Paris pour le compte de son entreprise avant de s’enfoncer dans les nuits congolaises de Paris qu’il connaît effectivement très bien. La légende voudrait aussi qu’il soit l’entremetteur de Jossart, le gestionnaire de ses conquêtes féminines, la vérité est heureusement tout autre : Il dit de Jossart que c’est le grand-frère que ses parents ne lui ont pas donné et répète à l’envi. Pendant le long séjour du chanteur, le « petit-frère » Eugide a su être à ses côtés, disponible, ingénieux, combattif parce que préoccupé en permanence par la dignité et la respectabilité de Nyoka Longo. |
La voiture Mercedes d’Eugide Defer pourrait rouler sans chauffeur de Paris jusqu’au domicile bruxellois de Nyoka Longo tellement son propriétaire s’y est rendu très souvent. Parce que pour lui, « les nombreuses conversations téléphoniques qu’ils avaient dans la semaine ne pouvaient remplacer la présence physique, les moments d’échange et de partage, face à face, les yeux dans les yeux pour refaire le monde, préparer l’avenir, prévenir la mélancolie qui n’est jamais loin quand la solitude, la monotonie et l’oisiveté rôdent … ». Preuve de ce lien très fort : Eugide Defer a déjà effectué deux voyages à Kinshasa pour préparer le terrain. Jossart n’a jamais eu de petit-frère et Eugide Defer non plus de grand-frère. L’un et l’autre n’étaient pas spécialement à la recherche de ce frère qui n’est jamais venu, mais quand ils se rencontrent, leurs relations donnent l’impression de combler un vide, un manque chez l’autre. À tel point qu’Eugide jouit d’une liberté de jugement et de ton dont très peu usent dans l’entourage de Zaïko Langa Langa. Quand ce groupe a joué dernièrement un concert moyen à Marignan à Bruxelles ou devant des chaises vides à Aachen en Allemagne, il le rapporta avec franchise à Afriqu’Echos Magazine (AEM). Et quand cet orchestre a joué pour la deuxième fois en plein air à Heysel au « Terrain » et que Lolo Wameso, un fan historique, s’enthousiasme dans AEM sous le titre : « Jossart a-t-il mangé du lion ? », Defer m’appela au téléphone agacé de voir son orchestre brader son prestige avec ces concerts au rabais selon lui : « Il faut que Jossart arrête avec ça, c’est ridicule, ça n’est pas de son rang. Une fois ça va, deux fois, trois fois non ! En plus communiquer sur cela c’est contreproductif au moment où tout le monde attend son retour à Kinshasa. Attention de ne pas lasser le public, attention de ne pas faire partie des meubles à Bruxelles ! ». Cette liberté d’opinion et de ton d’Eugide Defer a maintes fois froissé quelques musiciens de Zaïko aux chevilles un peu enflées lorsqu’il a eu le sentiment qu’ils manquaient d’égards à l’institution qu’est cet orchestre ou qu’ils affichaient un comportement irrespectueux envers Nyoka Longo. Et cela même si ce dernier ne jouit pas d’une amitié exclusive de sa part, car s’il a été immortalisé dans des chansons, il l’a été par Meridjo, Adamo Ekula et Lola Mwana. Des chansons qui ont consacré, pour ainsi dire, un investissement sans relâche dans la vie et la carrière de certains musiciens. Mais son rôle auprès de Jossart est souvent sujet de controverses et de beaucoup de suspicion. Quand les choix artistiques et managériaux de ce dernier sont très discutables, certains sortent les Scud : « Pas étonnant avec l’entourage qu’il a… Qu’est ce qu’Eugide peut lui conseiller d’innovant, de sérieux ? ». Le genre de remarques dont l’intéressé ne se formalise pas : « Seuls le prestige et le bien-être de Jossart ainsi que le rayonnement de Zaïko m’intéressent, les gens peuvent toujours parler ». Je l’ai vérifié à mon grand étonnement : l’image qu’il donne ou la légende qu’on lui bâtit ne préoccupent pas Eugide Defer, mais uniquement le bonheur et les soucis partagés avec ceux qui lui sont chers : sa femme, ses enfants, sa famille dont semblent faire partie pour la vie : Jossart Nyoka Longo et Zaïko Langa Langa. |
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