L’ancien secrétaire général de l’ONU et prix Nobel de la paix, le Ghanéen Kofi Annan, est décédé, ce samedi 18 août, à l’âge de 80 ans, après « une courte maladie », a annoncé à Genève la Fondation Kofi Annan dans un communiqué. Les réactions, en Afrique et dans le reste du monde, lui rendant hommage, se multiplient. L’actuel secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a salué « une force qui guidait vers le bien ».
« De bien des manières, Kofi Annan incarnait les Nations unies. Il est sorti des rangs pour diriger l’organisation vers le nouveau millénaire avec dignité et une détermination sans égales », a souligné le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
« Kofi Annan était un internationaliste qui ne voyait aucune contradiction entre ses origines africaines et son personnage comme citoyen du monde, explique sur RFI Bijane Farnudi, porte-parole de Kofi Annan et de la fondation qui porte son nom. Il voyait le monde comme un endroit où la paix, le développement et les droits humains étaient fondamentaux pour qu’une société puisse exister de manière paisible et en harmonie. C’est quelqu’un qui a ouvert l’organisation aux citoyens. Il interprétait la charte des Nations unies comme « Nous, le peuple » et pas comme « Nous, les Etats », et a donc engagé la société civile mais aussi le secteur privé en discussion. Il les a intégrés au cœur de cette organisation et c’est d’ailleurs, entre autres, pour cela qu’il a reçu le prix Nobel de la paix en 2001. »
« C’était notre voix »
Joint par RFI, le Camerounais Sammy Kum Buo et ancien directeur Afrique de l’ONU, désormais retraité, est très ému. Lui et Kofi Annan ont fait carrière, côte à côte, durant près de 40 ans.
« C’est quelqu’un que je connaissais bien. Quand j’ai rejoint l’ONU, j’avais 22 ans, et mon premier contact au travail c’était lui, raconte-t-il sur RFI. Je l’ai connu tout au long des 38 années de ma carrière. C’était plus que mon patron, c’était mon grand frère, nous étions tous deux africains. C’est une grande perte parce que même depuis sa retraite de l’ONU, il était actif, il défendait les grandes valeurs et, par-dessus tout, c’était notre voix sur ce continent et maintenant elle est réduite au silence. Je ne sais pas qui a cette influence… Mandela est parti, il est parti, Boutros-Ghali aussi. C’étaient les leaders qui nous ont donné une place de haut niveau à l’échelle internationale. »
Emotion au sein de la SADC, réunie en sommet à Windhoek
L’annonce de la mort de Kofi Annan a mis brutalement un terme à la conférence de presse finale du 38e sommet de la SADC, le Communauté de développement de l’Afrique australe. Le président namibien, Hage Geingob, président en exercice de l’organisation, a bien connu Kofi Annan puisque lui aussi a fait une partie de sa carrière aux Nations unies. Il ne cache pas son émotion :
« Je suis vraiment choqué, je suis terriblement choqué. On devait se voir à Lagos et il n’a pas pu venir. On était ensemble aux Nations unies. C’est une perte pour moi. Il a bien travaillé pour l’Afrique et le monde. Pour moi, en tant qu’Africain, en tant que secrétaire général de l’ONU, il a réussi à faire son travail et à finir son mandat avec beaucoup de dignité. Alors, il a eu quelques petits problèmes avec son fils, mais il a bien servi l’Afrique, il a bien servi le monde. Et puis, vraiment, ses capacités intellectuelles aussi… tout ce qu’il a fait aux Nations unies ! Je suis vraiment désolé. Il va me manquer », a réagi le chef de l’Etat namibien.
« Ce que le Ghana avait de meilleur à offrir »
Pour Fritz Baffour, journaliste, homme politique et ancien ministre ghanéen de l’Information, Kofi Annan était ce que le Ghana avait de meilleur à offrir. « Le Ghana a toujours été surnommé l’étoile noire de l’Afrique et était une des avant-gardes du continent. Et Kofi Annan a représenté le Ghana à un si haut niveau de responsabilité ! Malgré sa retraite, il restait très actif dans des causes importantes pour le pays et restait, dans tous les cas, un très bon conseiller pour les forces politiques du pays ».
L’actuel ministre de l’Information de son pays, Kojo Oppong Nkrumah, déplore aussi une « énorme perte pour le Ghana et pour l’Afrique ». « M. Kofi Annan, l’homme d’une immense expérience diplomatique, sur la gouvernance à l’international. Et, de temps en temps, ici au Ghana il nous a apporté son expertise sur de multiples questions d’importance à commencer par l’un de ses domaines de prédilection : la sécurité alimentaire. Nous allons perdre cela et ça va nous manquer. En Afrique, vous savez que nous avons souvent des soucis de gouvernance ou d’élections. Il est parmi ceux à qui on pouvait faire appel pour gérer la situation. On va aussi perdre ça. Enfin, il fait aussi partie des aînés, une plateforme d’hommes d’Etat expérimenté qui conseillent les gouvernements africains et les aident à se concentrer sur les questions de parité. Encore une fois, il va nous manquer dans ce domaine. »
La gratitude de la France
Dans un communiqué, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a salué l’engagement constant de l’ancien secrétaire général des Nations unies, sur tous les continents.
« De Genève à New York, en passant par Addis-Abeba, Kofi Annan a été un acteur engagé sur tous les continents et pendant plus d’un demi-siècle, au service des plus grandes causes et à l’assaut des grands défis de l’ère contemporaine : la paix, le développement, la promotion des droits de l’homme, la lutte contre la pauvreté et les discriminations. Au tournant de ce siècle, Kofi Annan a permis à l’ONU de se moderniser pour mieux faire face aux bouleversements d’un monde divisé qu’il a toujours essayé de rassembler. Je rends hommage à sa mémoire et souhaite exprimer la gratitude de la France pour son action inlassable au service de la paix », a déclaré le chef de la diplomatie française, suivi par le président Emmanuel Macron sur Twitter.
SOURCE
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