mars 10, 2025

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Ici pour vous!

Constant Omari Aux Antipodes d’une Ere

Comme nous l’avons tout entendu au lendemain de cette victoire contre la Gambie, dénudée d’enjeux, en éliminatoire de la CAN 2021 au Cameroun, Le président de la Fédération Congolaise de Football, l’Ingénieur Constant Omari Selemani, a tiré sa révérence. L’ancien 1er vice-président de la CAF, Membre du ComEx-CAF, Membre du Conseil de la FIFA et Ancien Président intérimaire de la CAF n’enchainera pas un 5ème mandat à la tête de l’organe du football en RDC. Si les statuts de la FECOFA ne régissent pas les conditions de démission, Constant Omari peut choisir de quitter ses fonctions de la façon dont il souhaite et au moment qu’il juge opportun, sans que son départ n’entraîne un préjudice important pour le football congolais.

(Droite: Constant Omari; Centre: Président Kagame ; Gauche: Ahmad Ahmad)

Pour commencer, il serait fort malvenu que le Président sortant démissionne sans adresser une lettre de démission aux membres de la FECOFA qu’il a côtoyés pendant 17 ans et autres dirigeants éventuels de cet organe. La véhémence de ce tehnicien de la SCTP (ex ONATRA) semble avoir pris l’air de toutes parts. Malmené ces derniers temps par moult évènements dont les issues sont loin d’être certaines, Omari Selemani est assujetti à la justice populaire vengeresse dans son pays, la RDC. Pour la première fois depuis 2013, les Léopards ne seront pas au rendez-vous Camerounais en Janvier 2022. La piètre prestation de l’équipe nationale lors de la CAN 2019 en Egypte fut le prélude de la descente aux enfers. Sortie au stade de 8mes de finale par le chétif Madagascar, la sélection nationale paie le prix le plus exorbitant de la démise du football au Congo. On aura toujours en travers de la gorge qu’avec l’augmentation du nombre de pays à la phase finale d’une Coupe d’Afrique des nations (de 16 à 24 – à partir de la CAN 2019 en Egypte); le «Béton» de la sélection congolaise n’a pas su assurer l’étanchéité de ses structures. Les léopards ont essuyé une douche froide au Gabon, qu’il les a battus par un cinglant 0-3, synonyme de l’élimination. Une légende que répèteront les footballeurs et dirigeants en herbe, qui auront difficile à comprendre la logique selon laquelle la RDC fut incapable de se qualifier pour une phase finale de la CAN, dans un Groupe où il n’y eut aucun foudre de guerre, la Gambie y comprise.

Les déclarations de Constant Omari sur les ondes de Canal+ eurent un effet boomerang. Est-il vrai que Omari n’aurait pas démissionné de la FECOFA s’il avait été assuré d’exercer les prérogatives qui furent les siennes à la CAF et à la FIFA? Tant que cette position lui donnait de la hauteur, un tremplin propulseur d’envergure pour accéder aux cimes du pouvoir dans ces institutions. Mais Constant va relever un item de taille – l’absence d’une politique sportive en RDC, qui serait la matrice du début de gestation de cette dérive. Faillait-il encore épingler une discipline sportive, car c’est du football dont il est question et non du sport, de façon holistique. Beaucoup de questions restent pendantes au regard du retard avec lequel Constant a fini par se rendre à l’évidence de cette bouillabaisse. Pourquoi a-t-il attendu plus d’une décennie pour évaluer négativement la situation?, s’interrogent les uns. Ce mutisme fait aussi d’Omari complice que les décideurs et parties prenantes tant au niveau étatique qu’à celui d’exécution des obligations et de planification, pensent les autres.

Qu’elle eût eu lieu à l’amiable ou dans le contexte d’un litige, la démission aux raisons inavouables du patron de la FECOFA aura des conséquences fondamentales. Dans ce pays, la RDC, la continuité est une pierre d’achoppement. A l’installation d’une nouvelle équipe dirigeante, les résolutions, la planification et autres mesures déjà prises vers l’amélioration par l’équipe sortante, seront mises à l’écart; on recommencera. Ce récit trouve sa rationalité dans les résultats accomplis par Sengi, entraineur des Léopards, in fine. A sa prise des fonctions, sa loquacité malodorante, bourrée des propos irrévérencieux, à l’endroit de son prédécesseur, Florent Ibenge, fut cruellement ahurissante que la vérité des faits avait fini par le rattraper. En 2 ans de travail, Sengi n’aura gagné qu’un match, de façon poussive par un effort individuel de Kebano en Angola. Or, avec Ibenge, le pays songeait à une phase finale d’une coupe du monde. Lors des éliminatoires pour la dernière coupe du monde 2018 en Russie, la RDC fut la meilleure attaque zone Afrique, avec 14 buts, mais non qualifiée; alors que le Nigeria n’avait marqué que 12, le Maroc 11 et le Sénégal 10. La RDC était parmi les 3 meilleures sélections africaines pendant longtemps selon plusieurs classements FIFA. Qu’en est-il aujourd’hui? Pourtant Christian Sengi avait hérité des mêmes joueurs et des mêmes conditions de travail, avec une donnée minimaliste réservée à la Covid-19, sans une pondération majeure y afférente car la pandémie a fait du mal à tout le monde dans bien des domaines ; et non uniquement à la RDC et aux Léopards de Sengi. «Pas de précipitation ni atermoiement funestes», dira Baudouin 1er aux politiciens congolais lors des assises de la Table Ronde de 1960 à Bruxelles, dédiée à l’octroi de l’indépendance au Congo par la Belgique. C’est l’attitude qu’il faille adopter par toutes les parties prenantes-le secteur public aussi bien que le secteur privé. Pourquoi Omari absorberait-il seul le saint courroux?

Certes, la RDC reste à la traîne pour la conception, l’adoption et l’implémentation par le gouvernement d’une politique sportive. Mais il est loin de remettre en question la clairvoyance d’une vision salvatrice qu’affichait Constant Omari Selemani concernant le football congolais depuis des lustres. Les idées n’ont pas manqué. L’homme s’y connait comme il l’a prouvé maintes fois lors de certains échanges fructueux tenus plusieurs fois en plusieurs endroits à travers la RDC et en Afrique, voire le monde. Omari est un Think Tank qui n’a jamais été accompagné dans ses efforts; il déterminait le benchmark pour l’avenir du football en RDC. Il aurait fallu avancer en mode brainstorming en brasant les efforts pour la conjugaison de toutes les synergies porteuses d’un lendemain footballistique meilleur. Justement, c’est sous l’impulsion de Constant Omari qu’il y a eu les deux triomphes en CHAN, les victoires du TP Mazembe en Champions League, y compris cette finale en FIFA Club World Cup, sans oublier les 4 places en interclubs de la CAF et la médaille de bronze à la CAN 2015. Le centre Kurara Mpova, le nouveau bâtiment de la FECOFA à Gombe, mieux nanti que la bicoque sur l’Avenue de l’Enseignement, ainsi que les amendements et modifications à apporter à la loi sur le sport, dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises. L’immolation de Constant n’accomplira pas le rachat du blason d’or du foot congolais; un travail de fond en demeure la panacée. La loi sportive – Loi Kabongo ne porte que sur des principes généraux et certaines dimensions relatives au parrainage. L’apport de l’Etat Congolais au fonctionnement des fédérations et associations sportives aurait dû être une réalité au moyen de crédits publics hors apports des partenaires et ressources privées. Ces moyens auraient du être ventilés pour un tiers vers le haut niveau avec des programmes spécifiques fléchés vers les équipements et infrastructures sportifs, ainsi que la formation des athlètes locaux.

Dans un pays comme la RDC dont le budget total au sport avoisinerait à peine 2%, proportionnellement au budget national, sous d’autres cieux, il est toujours en progression. En France et en Afrique du Sud, il a atteint facilement 1milliard € et 910Mil € respectivement pour l’exercice 2020. Si en Afrique du Sud, le football bat de l’aile, le rugby, le cricket, l‘athlétisme, le Netball, la boxe- même au niveau scolaire, sont les disciplines porteuses des titres mondiaux, médailles olympiques et victoires mondiales (springboks). Leurs athlètes ne s’entrainent pas aux USA ni dans l’EU, ils sont basés dans leur pays avec tous les équipements et infrastructures dignes de foi. Des tels efforts budgétaires illustrent la volonté du Gouvernement d’investir dans le sport. Ces moyens ainsi renforcés permettront de déployer des mesures ambitieuses en faveur de la haute performance comme du développement du sport pour tous. Ils permettront aussi de financer un programme de rénovation et de construction d’équipements sportifs qui participera à l’héritage sportif pour les échéances à venir. La RDC a besoin d’une politique similaire en matière sportive qui s’inscrira dans une dynamique puissante vers les initiatives qui mobilisent des moyens additionnels au sein même de l’Etat. Tous ces challenges ont été abordés durant la longue mandature de Constant. Omari dispose des laboratoires de réflexion pour l’émergence du football en RDC. Dans son sépulcre, Banza Mukalayi, témoignerait des efforts fournis par Constant Omari pour l’inclusion du secteur privé dans le développement sportif au pays, assortie de certains avantages tels l’allègement de l’ardoise fiscale pour son implication à travers le parrainage et efforts relatifs à la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Ce qui lui a attiré tant des complots que des conspirations pour le chasser du leadership au sein de la FECOFA, y compris des fourberies parmi ses friands hommes et femmes de main; des vindictes à la Vercingétorix et Pompée.

C’est vrai! Pour Constant Omari, Ainsi sonne Le Glas! Mais qu’on arrête le jeu; les responsabilités sont partagées. Le sponsoring de la Linafoot par Vodacom a été faiblement négocié pour la santé financière de la ligue, il y a eu lieu de faire mieux que ce lugubre pactole de 100 000,00 US chaque saison (déjà revu à la hausse, peut-être). La FECOFA et le Ministère des Sports n’ont pas pu travailler en étroite collaboration et ressortir une mouture d’actions pour le développement. A quand la renaissance et le succès? La population, elle, à l’instar des interprétations de la VAR, attend sans explications comme tous les téléspectateurs: On valide les buts. Ou non. On expulse. Ou non. Les émotions sont sujettes à validation. Plus de spontanéité. C’était pourtant simple, avant. Un but et les fanatiques sautaient, exultaient, criaient, gueulaient, pleuraient, se mettaient à poil, se caressaient. Aujourd’hui, on perd le fil du match, l’influx nerveux, l’envie, la passion. On ne sait plus juger les prestations et les performances des arbitres – pareil avec les décideurs chargés de faire décoller le football en RDC. Que du Gâchis! Encore et Toujours! Alea Jacta Est!