Après qu’ils eussent vaincu les Black Stars du Ghana en finale de la 5ème Edition de la Coupe d’Afrique des Nations, le nouveau Président de la République, Joseph Désiré Mobutu fit du 23 Janvier, la journée nationale du Sport quand il reçut les joueurs de l’équipe nationale du Congo Léopoldville au retour, munis du trophée de cette prestigieuse compétition.
Ils sont les oubliés de la République Démocratique du Congo. On n’en parle pas souvent dans le cercle des hautes instances de la République et du football, préoccupées par les tohu-bohus et autres imbroglios relatifs au déchirement FCC et CASH comme si la RDC naissait avec l’avènement des dernières élections. Ils sont :
1.Kabamba Nicodème (Capt) Daring. 12. Kalala Pierre (Mazembe).
2.Kembo Jean (V.Club). 13. Mulongo Freddy (Daring)
3.Raoul Kidumu (Diables Rouges Thysville). 14. Mungamuni Léon (Nomades).
4.Kibonge Jeff (V.Club). 15. Ngenyibungi Emmanuel
(Union de Kananga: Tshinku)
5.Mukombo Albert (Mazembe). 16. Mwila Albert (Dragon).
6.Mvukani Philippe (Dragon). 17. Mbuli Paul (Himalaya).
7.Mange Salomon (V.Club). 18. Muwawa Ignace (Daring).
8.Katumba Pierre (Mazembe). 19. Mokili Saïo Ernest (Dragon).
9.Matumona Bernard (Himalya). 20. Bilengi Albert (Belgicain).
10.Tshimanga (F.C Kipushi). 21. Ebengo Augustin (Daring).
11.Mwana Kasongo Pierre (Daring). 22. Lembi Simon (Mikado).
Beaucoup de membres de cette croisade ont déjà quitté cette terre. Les croisés qui ont survécu à ce passé d’abus et continuent d’en pâtir, taillent dans le roc pour assurer leur surlendemain, tant ils déploient les efforts surhumains au vu de leur âge très avancé, sans qu’aucune autorité ni hommes de bonne foi ne leur soient tout ouïe.
Aussi fussent-ils même arrivés à cet âge maigres comme des clous, sans que personne ne se soit assuré qu’ils redeviennent tous rebondis et luisant de santé. La RDC a choisi d’ignorer de s’apercevoir que les champions de 1968 n’ont pas été soutenus, et alors, selon la grandeur du dégât occasionné par cette offuscation, les voix doivent se lever comme une gronderie bruyante ou le martinet qui rappellerait à la vigilance les guetteurs républicains distraits d’accepter de modérer leur fougue par égard pour les héros de 1968 qu’ils sont, remplis au surplus de considération pour leurs prouesses qui venaient de renflouer la notoriété du Zaïre et de Mobutu, trois ans après sa prise de pouvoir, pour rester éternellement en admiration devant les générations qui se succéderaient à cadence saccadée.
La RDC ne célèbre plus ses anciens champions qui placèrent pour la toute première fois le pays sur le piédestal. Le 23 Janvier 2020 dernier, aucune manifestation ne fut prévue pour saluer la grandiloquence de leurs exploits, ne fut-ce une mention de cette date afin de raviver l’évènement dans la mémoire collective. Heureusement le Directeur Kabulo Mwana Kabulo a réussi à mettre la main sur une poignée des joueurs de l’épopée d’Asmara et d’Addis-Abeba, dimanche le 26 Janvier 2020 dernier sur le plateau de la RTNC1 lors de l’émission Sports Dimanche. Léon Mungamuni et Salomon Mange étaient parmi ceux reçus par Kabulo. En cette date, la resonnance des couplets de la chanson « Vive les Léopards » réalisée par Rochereau en 1968, pour situer l’événement ne retentit plus sur les ondes de stations de télévisions et radio de la République. Or, l’occasion aura été idoine pour tant de splendeurs afin d’éblouir les souvenirs.
Il y a deux ans jour pour jour, que l’ancien Premier Ministre, Bruno Tshibala Nzenze rendait visite à Nicodème Kabamba Kabengu dans la Commune de Barumbu ; le Premier des Ministres de l’époque avait promis l’assistance du gouvernement aux anciens Léopards, avant de s’exprimer en ces termes : « Je suis ému et je manque de mots pour exprimer ce que je ressens devant le doyen Kabamba. J’étais élève et comme tous les jeunes de l’époque, j’avais été émerveillé par Kabamba et ses coéquipiers». 82 ans révolus, malade et en état d’asthénie, Nicodème reste, à l’instar de ses congénères, livré à son propre sort. Quid de la promesse?
La visite de Bruno ne fut qu’une luminosité trainante d’une autre étoile filante, qui s’éclaboussait une fois que celle-ci s’engouffrât dans les horizons de la sphère spatiale nocturne étoilée. On remue toutes sortes de pensées, on en fait le tour et interminablement on recommence, car les pensées ne se laissent jamais tout à fait pénétrer; ce mutisme des choses, des raisons profondes des choses, conduit au silence; mais il suffit que ces choses soient évoquées et leur impénétrabilité mise au clair, il en demeure un reflet dans les yeux: le regard des Champions de 1968, morts ou vivants, demeure singulièrement perçant, lorsqu’ils restent tous fixés sur ce rêve intérieur poursuivi sans fin dans les couloirs de bureaux pour la reconnaissance qui leur est indubitablement et indéniablement due.
Ainsi assaillis à chaque fois dans leur quête de redevabilité, les coéquipiers d’Ernest Mokili Saïo, Raoul Kidumu et Jeff Kibonge, souffrent toujours d’un certain gauchissement dans le chef de ceux supposés les remettre dans leurs droits. Loin de s’arrêter là, les champions d’Addis-Abeba, pendant nombre de décennies, n’ont pas eu la gloire et l’estime que leur bravoure justifiait. S’il faut s’interroger sur la sincérité de Bruno Tshibala suite à ces déclarations, on ne peut s’empêcher de se demander également les raisons qui freinent la matérialisation de sa promesse, car une reconnaissance, si elle est sincère n’a pas besoin d’attendre plus de 50 ans avant de se réaliser. Aujourd’hui, la quasi-totalité de ces footballeurs de renom sont morts et ne seront pas là pour être témoins de cette reconnaissance, le cas échéant. La situation des personnes ici visées et dont les mérites sont avérés, suppose de mesurer tous les enjeux, car cela touche à la cohérence d’un droit qui s’est façonné au fil de l’histoire républicaine.
Ces démarches, même en colimaçon, devraient accoucher d’une issue très élogieuse, d’un enthousiasme emphatique et outré ; si ces champions entonneraient des louanges dithyrambiques, le Ministère des Sports, le Ministère de Culture et Arts ainsi que la FECOFA, sans oublier les présidents de clubs, doivent tous rendre hommage à ces joueurs en organisant des conférences et ateliers pour la jeunesse montante et leur parler du vécu de ces joueurs hors pair ainsi que du respect qu’ils accordaient à la tunique nationale sans rechigner, même en l’absence des primes et bonifications de l’ordre pécuniaire. Les invitations doivent être lancées à certains d’entre eux qui le peuvent encore physiquement, de prendre part aux clinques d’informations, de culture et d’histoire, organisées pour la pérennisation de leurs pensées desquelles cette même jeunesse s’abreuverait. L’appel du pied est ainsi lancé au Président de la FECOFA, Monsieur Constant Omari Selemani et Moise Katumbi, Chairman de TP Mazembe, de faire montre de leur leadership au regard des différentes prérogatives et fonctions qu’ils assument tant en RDC, à la CAF qu’à la FIFA et de l’aura dont ils bénéficient, afin de léguer aux jeunes congolais un héritage sportif non exsangue.
L’implication et l’apport du secteur privé s’avèrent indispensable, devant les reluctances répétitives de l’Etat dont l’intérêt du sport n’a droit de cité au sein de ses objectifs prioritaires. Avec la construction prochaine du nouveau stade de TP Mazembe et les rénovations qui interviendront au niveau du siège de la FECOFA, ne pas y prévoir de musée retraçant l’histoire du TP Mazembe et celle de l’équipe nationale, trophées à l’appui, relèverait d’une annihilation outrancière qui ferait languir la béatitude des projets. Profiter de leur présence se traduit en une bénédiction; les récits de champions de 1968 poseraient un pas précurseur pour la rédaction des ouvrages de football par les congolais, pour les congolais, l’Afrique et le monde, et sous la perspective congolaise, nonobstant leur affreux traitement à l’instar des combattants français d’outre-mer, appelés « Tirailleurs » qui continuent à réclamer la reconnaissance à la France pour l’avoir défendue pendant la guerre mondiale, en payant le prix cher jusqu’au sacrifice suprême. En revanche la jeunesse et le monde de football en général, apprendront et liront l’histoire des héros de 1968 écrite par les non-africains sous un angle voué à vanter ou à batifoler les mérites des héros congolais, avec autant de flagellations, sans tenir compte des réalités usuelles qui forment le contexte local congolais et africain tout court.
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