Chaque nation a ses grands fils, c’est-à-dire ceux dont les actions déterminent son avenir. La nation zimbabwéenne a ses propres colosses. Sur la scène politique, par exemple, nous pouvons citer le président Robert Mugabe, qui mena la lutte pour la souveraineté internationale du pays contre le colonialisme britannique, et qui, en sa qualité de chef d’Etat, mène une autre guerre pour l’indépendance économique du Zimbabwe. Il est un modèle pour les jeunes générations de combattants panafricanistes. Par ailleurs, le Zimbabwe est fier d’avoir un autre colosse sur la scène de la musique moderne : Alick Macheso, alias Extrabasso.
Né (en 1968) et élevé à Shamva, au Zimbabwe, Macheso fut catapulté à la célébrité à la fin des années 1990 comme un artiste évoluant en carrière solo et épaulé par son orchestre nouvellement créé et dénommé Mberikwazvo, grâce à la sortie de son album intitulé Simbaradzo. Cette oeuvre est l’album qui ai jamais été le plus vendu au Zimbabwe avec 350 000 exemplaires vendus. Ayant emmené le sungura, le genre zimbabwéen de la rumba, à un niveau plus élevé, Extrabasso a donné un grand plaisir aux mélomanes même à l’extérieur du pays, en Afrique, la Grande Brétagne, les USA et l’Australie, juste pour citer peu de places. Il est un des chanteurs les plus couronnés de succès et un de meilleurs guitaristes que l’Afrique ait jamais enfantés.
Par ailleurs, sa stature de colosse réside dans le fait que son succès a fait époque. A part sa fécondité dans la reproduction de danses, il a emmené un message poétiquement raffiné vers le bas peuple, de manière à frapper la corde sensible des basses classes dans un contexte de la crise économique du Zimbabwe. Comme Memory Chirere l’a si bien dit, « Ses lyriques élicitent une camaraderie affable. Il chante comme un garçon de la porte voisine, c’est-à-dire très familier et libérateur. C’est pourquoi il est le favori du mécanicien ordinaire, du chauffeur de kombi, du vendeur de marchandises ordinaires et de bien d ‘autres encore. Si tu regardes et écoutes bien, les lyriques de Macheso s’adressent aux reserves les plus lointaines de l’énergie du peuple d’un pays faisant face aux défis économiques [énormes] ». Cette interaction avec la marmaille est accentuée par l’ajout des vibrations ndombolo et des bascules, couplées de mélodies appétissantes et de vocales évocatives (connues comme animation d’atalaku dans la musique congolaise) en shona, chichewa, sena, tshivenda et lingala. Il est vraiment le « choix du peuple », un phénomène.
Deuxièmement, Macheso est un combattant. Sa montée vers la célébrité fut painible. Il débuta sa carrière musicale au sein de petits groupes ; puis il intégra les Khiama Boys (successeurs de l’orchestre séminal du sungura, les Sungura Boys) au milieu des années 1980, avant de créer l’orchestre Mberikwazvo vers la fin des années 1990. Même alors, il se débattait car ses deux premiers albums furent ignorés presque de tous. Ceci le poussa à bosser plus dure pour la sortie de Simbaradzo, qui a battu tous les records de vente. En plus, sa vie privée fut grillée par les media suite à son mariage avec sa deuxième femme et celui avorté avec sa bonne. Il survécut un « coup d’état » orchestré par son ami et coéquipier Zacharia Zacharia, qui tenta de vider le groupe de tous les membres afin de créer un nouvel orchestre. Et il résista une vive piraterie en enregistrant des albums à haut succès, y compris son septième opus Zvinoda Kutendwa, le 30 octobre 2010.
Enfin, Aleck Macheso est un noble. Ceci est dû à son humilité et sa simplicité, qui sont matérialisées, comme indiqué ci-haut, par la dédicace de sa musique classes sociales basses et harassées par la pauvreté, qui, à leur tour, l’élevèrent au titre incontesté du roi du sungura. Comme Memory Chirere l’affirme encore, il « demeure le ghetto, parmi ceux qui ‘ne connaissent pas et ne sont pas connus’ ». Ainsi donc, aux temps présents, il a généré le plus grand impact sur l’âme de la nation en changeant la tendance des comportements populaires et en donnant naissance à une nouvelle culture pop. L’on peut même dire, sans rencontrer d’objection, que les Zimbabwéens du nouveau millénaire sont les fils de Mugabe et de Macheso. Nous espérons que sa noblesse s’élargira jusqu’à entamer les oeuvres du développement social en faveur des nécessiteux, le relevement du marketing afin de combattre la piraterie et d’atteindre la célébrité mondiale, et la défense de la cause panafricaniste.
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