mars 10, 2025

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Le Millénaire : Bana OK a assuré sans forcer son talent

 

Samedi 3 décembre 2009, salle du Millénaire, à Savigny-Le-Temple (France) : comme si tout le monde s’était donné le mot, le costume-cravate ou le blazer semblent de rigueur chez les hommes et une tenue digne, classe pour les dames. Les quelques adolescents présents dans la salle ont l’air

 d’intrus, car la moyenne d’âge est plutôt proche de la quarantaine. Sur scène, sous la direction de Josky Kiambukuta, l’orchestre Bana OK déroule des chansons vieilles de 15 à 30 ans mais qui sont appréciées comme si le temps s’était arrêté. La somme et la prestation des talents qu’il y a sur scène sont également impressionnantes à tel point qu’un DJ, pourtant coté en région parisienne, va se méprendre : « C’est du playback, c’est pour cela que les chansons ne sont pas longues ».

Les chanteurs Josky, Malage, Elba Top, Shakembo… sont tirés à quatre épingles et livrent un concert empreint de justesse et de noblesse. Derrière, des historiques comme Gerry Dialungana et Makoso assurent. Tout l’orchestre justifie le statut de valeur refuge reconnue à la musique du Tout Puissant Ok Jazz et de Bana OK qui garde une place princière dans le cœur des mélomanes jeunes et adultes. Si Lutumba Simaro n’est pas sur scène, ses chansons remplissent la piste et apportent une joie qui se lit sur les visages des noceurs : « Maya », « Ofela » et « Merci bapesa na mbwa » ont été les chansons les plus dansées. Pour leur part, « Ba pensées » et « Kita Mata » ravivent des souvenirs de cette époque où l’on qualifiait la musique de l’orchestre de Luambo de « kilo ya Kinshasa », traduisez « la musique qui pèse lourd sur la scène musicale de Kinshasa ».

Josky se comporte en vrai leader, Malage impeccable comme d’habitude tandis que Shakembo et Elba prouvent qu’ils sont très bons chanteurs et qu’il ne leur avait manqué que l’opportunité d’interpréter en solo un tube du calibre de « Maya », « Testament ya Bowule », « Mandola », « Mbongo »… pour acquérir cette once de notoriété qui leur fait défaut. Injustement. Encore que Shakembo devrait éviter de dévoyer un peu trop souvent des tubes en essayant d’y glisser des animations contre-nature.

La prestation de l’ensemble est de grande qualité, tellement fidèle aux interprétations originales qu’il manque une petite étincelle, un brin de folie, ce zeste d’inspiration qui émeut. Il faut aussi reconnaître le talent du guitariste soliste Olivier Tshimanga, jeune pourtant. Mais n’est pas Luambo qui veut, car de fines oreilles se rendent compte que le Grand Maître est irremplaçable et que la batterie est trop forte au détriment des guitares. Mais l’ensemble mériterait d’être savouré sur DVD comme un document qui atteste que certaines musiques sont éternelles et certaines voix inaltérées depuis plus de quarante ans comme celle du commandant Jo Sex, normalement nommé Josky Kiambukuta.

Source

http://www.afriquechos.ch/spip.php?article3810