« Il est évident que le Seigneur Rochereau a créé un choc auprès du public parisien. Son spectacle a non seulement obtenu un grand succès, mais a fait découvrir en même temps aux spectateurs de l’Olympia des richesses artistiques qu’ils ne soupçonnaient pas ». Le propos n’est pas celui d’un de ces journalistes congolais assujettis au service de la gloriole de tel ou tel chanteur, mais de feu Bruno Coquatrix le gérant
de l’Olympia qui produisit Tabu Ley et l’Afrisa International, en 1970, pendant une semaine dans cette salle. Preuve par le son, Syllart Productions propose sur CD l’enregistrement d’un de ces concerts. Un CD indispensable pour s’instruire et se régaler.
Ce CD instruit car il met en exergue le génie culturel et artistique inégalé de Tabu Ley, très en avance par rapport à son époque et à ses collègues. L’album commence avec la version instrumentale de Congolia avant d’embrayer sur Asambalela qui démarre sur un rythme saccadé avant d’offrir comme une grâce la chanson « slow » Rivera. Au milieu du concert, d’une voix timide, Tabu Ley remercie le public d’être venu nombreux plusieurs soirs de suite avant d’annoncer Fétiche (écrite par Léopold Sédar Senghor) et Pitié, des chansons écrites en français pour permettre au public français de s’y retrouver. Au milieu de Fétiche, le public applaudit frénétiquement.
Tabu Ley était le premier artiste africain, après l’Égyptienne Oum Kalsoum, à jouer sur invitation de son gérant (Bruno Coquatrix) à l’Olympia. Le chanteur en était conscient et se voulut l’ambassadeur de tout un continent : « Mesdames, Messieurs, nous allons à présent parcourir l’Afrique ». Et c’est parti pour un tour de chant au cours duquel ont été interprétées Seyni kay fonema de Sosseh (Sénégal), Munyenge ma ngando ou Matumba Matumba d’Eboa Lotin (Cameroun), Masuwa de Pamelo Monka (Congo-Brazzaville) pour clore ce chapitre avec Oboa oshunzeme de… Franco Luambo. La chanson d’Eboa Lotin va connaître un triomphe à tel point que Tabu Ley dut l’interpréter deux fois à la demande du public.
Parce qu’il fallait aussi faire le spectacle, Rochereau dut allonger certaines chansons en réduisant le couplet et le refrain mais en rallongeant la partie instrumentale sur laquelle ses danseurs Pascal et Gaston ainsi que les Rocherettes firent le show : Recensement (9 minutes), Moussa (15 minutes) et Mosolo (15 minutes). Quand dans un intervalle, il chante Connaissance koyebana en hommage à tous les musiciens, l’évocation des artistes décédés et des vedettes du moment vous enfonce dans une nostalgie bienfaisante. Le show révèle une intelligence artistique que très peu ont approché lors de leurs passages dans les grandes salles parisiennes, hormis Papa Wemba qui avait été exceptionnel à l’Olympia mais brouillon et léger dans la seconde partie.
Autre détail qui a son importance : à la différence d’aujourd’hui où ce sont des promoteurs qui louent l’Olympia où ils amènent un peu n’importe qui, c’est Bruno Coquatrix lui-même qui avait programmé Tabu Ley pendant une semaine après avoir visionné, à Kinshasa où il s’était rendu, le spectacle conçu pour l’Olympia. Tout l’orchestre était hébergé, véhiculé, rémunéré… par l’Olympia.
Un faux Live était déjà sorti
Ce concert de Tabu Ley avait donné lieu à une grosse supercherie commise par un major qui avait sorti le même répertoire enregistré en studio comme étant le Live de l’Olympia. Puisque ce concert restera un événement historique et son CD un document exceptionnel, Afriqu’Echos Magazine s’autorise une publicité commerciale gratuite sans demander même un centime, ni un exemplaire au producteur du CD dont nous vous donnons les coordonnées pour une éventuelle commande : Syllart Productions, 4 rue du Ferdinand Flocon – 75018 Paris Tél : 01 53 09 94 00.
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