mars 10, 2025

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Apologie du Tribalisme par l’Opposition face au Pouvoir: l’Autopsie d’Une Crise Latente en RDC

C’est tout simplement ahurissant et scandaleux! Tels le virus de Marburg et la fièvre hémorragique à virus Ebola dont les effets de contagion se propagent comme du feu au benzène, la tribalité aboutit aux effets impitoyables de la lutte des clans, les uns contre les autres, surtout au niveau des institutions politiques et au sein de la population, comme c’est le cas en République Démocratique du Congo. Incapable de consolider la véracité de ses réclamations, preuves à l’appui, devant la Cour Constitutionnelle auprès de laquelle Fayulu contestait les résultats de l’élection présidentielle de 2018, lui et Lamuka incitèrent la population de Tchangu, le bastion de «M’pangi + M’pangi = M’pangis» à venger prétendument l’usurpation de son pouvoir par les balubas. Le député du MLC, Jean Jacques Mamba (luba) en a fait le constat sur les ondes de Top Congo, éberlué devant Christian Lusakueno désemparé, quand il constatait le mutisme observé par Fayulu et Muzito aux cris de la foule, scandant haineusement d’en finir avec tous les balubas du coin lors d’un des leurs nombreux meetings dans cette contrée de la capitale. Le tribalisme est une problématique longtemps laissée en veilleuse depuis les négociations de la Table Ronde à Bruxelles; rien n’y fut fait. Souvent les leaders des groupements politiques de l’époque qui y prirent part, cachaient l’indépendance dans leurs poches pour que les balubas, les bakongos, les bangalas et autres ne la dérobent pas, supposément; un vrai jeu de colin-maillard! Or la virtuosité de cette question valait toute sa peine qu’elle ne fut muée qu’en une théâtralisation, sous format comédie, pour des ricaneries destinées à détendre le peuple et le déstresser de son fardeau de misère quotidienne. Les revendications de la vérité des urnes n’avaient rien d’un feu de paille.

Les décisions prises, certaines idoines, par le pouvoir de la Deuxième République, avaient échoué de traiter les causes exogènes et endogènes qui allaient rapidement changer, pour le pire, le cours de la marche républicaine sous Mobutu, surtout dans l’armée. «Cette armée en déroute n’est pas la mienne, c’est celle d’un clan; ce que fait Kabila, j’aurais dû le faire depuis longtemps. Il n’y a qu’une seule armée qui vaille, c’est la DSP. Et elle est monoethnique », s’exprimait le Général de Corps d’Armée, Donatien Marc Mayele Lieko Bokungu, CFMG-Chef d’Etat-major Général pendant la guerre AFDL, lors d’une rencontre avec les Français: Le Général Lacaze (ami de Donatien de longue date), le colonel Alain Gagneron de Marolles dit Colonel Saint-Julien du DGSE (Services Spéciaux Extérieurs) et Fernand Wibaux qui en fera le rapport à Dominique de Villepin, alors Conseiller Spécial de Chirac à l’Elysée. Pour ces experts, il fallait préparer ce Général zaïrois, quatre fois étoilé pour prendre le pouvoir avec l’aide de la France, une fois Mobutu hors du nouveau cliché politique. Mayele leur avoua son incapacité de rassembler autour de lui les hommes d’honneurs dans une armée en voie de «ngbandisation» accélérée, lui, un Mbunza. Ce sont les Généraux ngbandis–l’ethnie de Mobutu-, Nzimbi et Baramoto, qui dirigeaient la Division Spéciale Présidentielle (DSP) et la Garde Civile, les unités qui étaient excellemment choyées aux dépens des FAZ, laissées en désuétude.

Ce clanisme mobutien allait avoir des conséquences néfastes, car ne craignant plus rien et sachant que la guerre était perdue d’avance par les FAZ, le patron de l’armée, Donatien Marc Mayele, se sentant trahi par les officiers ngbandis, livrera le secret aux troupes AFDL accrochées à Kenge (les seuls combats sérieux livrés par les troupes AFDL dans leur marche vers la capitale zaïroise depuis Uvira) par les FAZ, avec l’appui des militaires UNITA de Jonathan Savimbi. C’est la fameuse «cinquième colonne» tapie dans le camp d’en face dont parlait François Soudan. Elle (la 5ème colonne) leur avait fourni des informations sur les positions de l’ennemi: la DSP et l’UNITA. Le Général Mayele avait rendu disponibles les renseignements pour les chefs militaires de l’AFDL. Les secrets d’intelligence qui leur (AFDL) avaient permis de franchir le dernier verrou de l’armée zaïroise, mieux la DSP. Le boulevard était alors ouvert vers Kinshasa pour les libérateurs, aux premières dates de Mai 1997, sans crépitements de balles.

La caricaturale et grotesque perfidie est de toujours croire qu’il faille traiter le pouvoir en place, comme c’est le cas en RDC actuellement, d’être tribal; que la part du lion est réservée aux balubas avec pouvoir décisionnel dans des postes clés au sein d’une Union Sacrée où les accompagnateurs n’y ramassent que résidus. Erreur! Le rôle de l’opposition n’est pas de «tribaliser» le pouvoir à tout vent; la minorité joue un rôle fondamental dans la marche des institutions dans une république où elle remplit ses devoirs de contrepoids face au pouvoir qu’elle n’exerce pas. En RDC, Lamuka, FCC (pour ce qui en reste en tout cas) devraient profiter de ces années udpsiennes du pouvoir, entrer dans le maquis par l’organisation des universités de leur partis ou plateformes et cogiter sur les politiques nationales qui favoriseraient des réformes structurelles avec des nouveaux discours, à titre illustratif, sur la réduction du taux de malnutrition, le taux de morbidité et le taux de mortalité infantile qui battent le plein sur l’ensemble du territoire national. Depuis l’accession de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo au pouvoir comme Président de la République, le peuple attend de Lamuka, PPRD et alliés dans FCC, un engagement citoyen pour un lendemain meilleur aussi. A aucun moment l’opposition actuelle n’a fourni une moindre statistique concrète relative à la production agricole ou industrielle, au volume d’emplois ou même aux économies réalisées dans le cadre de la bancarisation; erronément pensée telle une réalisation phare du Premier Ministre Matata Ponyo de triste mémoire, sous la houlette du FCC. C’est une opposition qui vit dans une tour d’ivoire, ne maitrisant rien des conditions de vie quotidienne des populations qu’elle pense gouverner demain, hormis les attaques tribalistes perpétuées à longueur des journées à l’endroit du Président de la République, de son pouvoir et de l’UDPS, sans incidence majeure sur le vécu.

Il serait bienséant d’éviter les sujets scabreux. Ces acharnements tribaux, ethniques et claniques arrosent sèchement le climat politique et identifient, par l’effet de levier, ces opposants dont l’incapacité notoire de pensée avoisine les pires quotités rationnelles en statistiques. Le but du lucre demeure leur principale moisson. Par quel mécanisme mercantile pourrait-on moissonner sans avoir semé? Eloko ya makasi! C’est en RDC où la loi du moindre effort a trouvé un terrain fertile pour sa vulgarisation. Les systèmes au sein desquels la bonne conduite des opposants est supposée, ont plus de chances d’effrayer un pouvoir en exercice que les systèmes qui s’évertuent à hurler le tribalisme, sans crainte de réglementations ou de sanctions légales, même si cette démocratie congolaise, aux balbutiements multiples, l’autorise, non sans remords et regrets profonds. A l’instar des douleurs d’enfantement représentées par des scènes de hurlements, d’agitation, de colère et de joies mêlés où la violence et l’intensité des sensations douloureuses restent évidentes pour l’observateur, l’opposition en RDC veut inversement être biberonnée au pouvoir avec une acuité d’irréflexion aux superlatifs inqualifiables – la débrouille même au niveau des leaders politiques et des politiciens. La tribalité est une ciguë dont la létalité annihile la pensée congolaise avec comme conséquence majeure, l’ablation des organes de réflexion pour germer les politiques de gouvernance parmi les états-majors de partis politiques. La minorité qui n’assiste pas le pouvoir qui dirige rend celui-ci inefficace, arrogant dans la conduite de l’action gouvernementale pour le bien du peuple, et dictatorial.

La notion tribale ouvre la voie aux animosités qui peuvent confondre tous les droits humains, sans vouloir exiger un détachement absolu des sentiments propres, par rapport à l’opinion d’autrui. C’est ainsi qu’en 1975, le début des mécontentements s’extirpait des cercles fermés de militaires au sein de l’armée. Des purges tribales successives ont été opérées contre les officiers des Forces Armées Zaïroises (FAZ) dont les idées ou leurs origines tribales/régionales les rendaient suspects face à Mobutu. On avait cité le capitaine Joe Ndjoku, un saint-cyrien, qui avait approché Mayele qui venait de prendre le commandement militaire du Centre de Kotakoli, pour lui expliquer le bien-fondé d’un de coup d’Etat en perspective. Furieux, Donatien lui rétorqua «Ne m’en parles plus jamais!». Mayele avait choisi de ne pas punir l’officier, et il s’était arrangé de l’exfiltrer vers l’Europe, dans la discrétion la plus totale. Il pressentait le sort que subirait cet apprenti putschiste aussi tôt que les Généraux Ngbandis seront mis au courant. Mais il était bien conscient des frustrations que vivaient ses compagnons d’armes, en dépit de sa loyauté exemplaire envers Mobutu; il avait tout compris.

Le coup d’état manqué de 1975 avait abouti au procès qui mit en cause le Colonel Raymond Omba Pene Djunga, objet des conjurations par les Equatoriens, frères de Mobutu. A l’issue du verdict qui sanctionnait le procès, tous les militaires comploteurs qui ont été condamnés, avaient bénéficié de la grâce présidentielle. Il s’agissait des généraux Daniel Katsuva wa Kasivira, Utshudi Wembolenga et Fallu Sumbu, les Colonels Mudiayi wa Mudiayi et Muendo Tiaka, les Majors André Mpika Ntoya et Bula Butupu Bakajika. La rationalité reposait sur l’appartenance tribale du commanditaire; ses (Gén Omba) accointances Mongo furent placées au-dessus de la culpabilité – les tetelas du Sankuru et les Nkusu au Maniema étant des cousins germains du peuple Mongo de l’Equateur, la province du feu Maréchal. Ce ne fut pas le cas dans le procès de 1978; en rendant son verdict l’Auditeur Général des FAZ, Likulia Bolongo, alors Colonel, condamna 78 parmi 91 soi-disant putschistes avant de requérir des peines avec acharnement et tribalisme contre eux. Les 13 autres furent condamnés à mort: Majors Kalume et Panubule, Colonels Biamwenze et Mwepu, Lieutenant-Colonels Mwehu, Tshunza et Ingénieur Kalonda, Capitaine Fundi, y compris les civils en l’occurrence, Matanda, Bouryaba, Kudia Kubanza et Makani. Vivant à l’étranger, Monguya, Kadiebwe et Jean-Alidor Kalonga l’ont été par contumace. Pendant que ces militaires et civils nourrissaient l’espoir de recevoir du Président sa Grâce, ils seront acheminés à la prison d’Angenga où ils furent exécutés le 18 Mars à l’aube, sans savoir si le Président avait accordé ou réservé une fin de non-recevoir à leur recours. Dans ces deux situations, la présence d’un cousin mongo a sauvé tout le peloton du châtiment suprême dans le premier cas, alors que dans le deuxième, l’appartenance des condamnés à mort aux provinces de Bandundu, Kasai, Katanga et un peu Bas-Congo fut leur pêché mortel. L’ethnicité est toujours un signe précurseur d’une autre chose, la gestation de conflits d’ordre social, politique et économique qui conduisent à l’embrasement général et généralisé. C’est de la pure pyromanie humainement humaniste.

Le génie politique déployé par Mobutu avait réduit le tribalisme, l’ethnicité et le régionalisme, de manière générale, dans un certain contexte. La désignation des gouverneurs de régions ne répondait pas à une logique alignée sur le clan, la tribu ou l’ethnie, ainsi que leur déploiement. Ayant été au front lors de sécessions aux premières heures de l’indépendance, Joseph Désire avait compris le danger de ces clivages arbitrairement implémentés à la Conférence de Berlin et exploités par le colon. Le succès enregistré par les gouverneurs non originaires de provinces où ils furent affectés, avait contribué à l’enracinement d’un sentiment patriotique d’appartenance au Zaïre, avant que tout ne dégénérât avec l’ouragan de la perestroïka et de la glasnost au début des années 90. C’est ainsi que les gouverneurs comme Konde Vila Ki Kanda au Kivu, Duga Kugbetoro et Kakule Mbayingana à Mbuji-Mayi, Zamundu à Kananga, Louis Alphonse Koyagialo Ngbase te Gerengbo au Katanga, aussi Tshiamala Tshingombe, Makolo Jibikilayi, Malumba Mbangula au Bas-Zaïre et Jonas Mukamba Kadiata Nzemba, Kititwa Tumansi Benga, Mpambia Musanga Bekaja à Mbandaka pour ne citer que ceux-ci. Konde Vila Ki Kanda avait toujours été élu Député de Goma pourtant originaire du Bas-Congo. Duga Kugbetoro est crédité de la victoire de Sa Majesté Sanga Balende wa Bajelo ni Basantu en Coupe du Zaïre contre AS Bilima au stade du 20 Mai en 1984, ainsi que de la notoriété du tristement célèbre groupe de musique folklorique qui exécutait les chants populaires à la gloire du guide éclaireur, dans le cadre des activités de la Mopap au niveau des régions. Duga participa à la liesse de la victoire de Sanga Balende et trémoussait ses hanches aux rythmes de «Kamulangu wa Kamulangu» et «Ntumba wa Nseya» dans sa résidence officielle située au complexe résidentiel pour les cadres de la MIBA. Sans service protocolaire comme à l’accoutumée, il y avait convié la population qui avait bu et mangé à s’en faire péter la sous-ventrière jusqu’aux petites heures du matin. Il s’y était adressé à la population de Mbuji-Mayi en Tshiluba, de façon audible et intelligemment.

De là, l’Analyste des Questions Sociopolitiques, Sécuritaires et Militaires, Jean-Jacques WONDO OMANYUNDU rappelle à maintes reprises le tribalisme clanique sous Mobutu dont on vante les mérites d’unificateur patenté, pacificateur et ubuesque rassembleur républicain Zaïrois, à titre posthume bien entendu, que: «C’est alors qu’un groupe de faucons Ngbandi autour de Ngbanda, dont le professeur Vunduawe te Pe Mako, le général Etienne Nzimbi Ngbale de la DSP et le général Philémon Baramoto allié de circonstance de Ngbanda, vont commencer à monter une série de cabales contre les non Ngbandi. Ils font croire à Mobutu que les Ngbaka, tribu réputée guerrière et qui comptait beaucoup de bons soldats au sein de la DSP, planifiaient un coup d’état pour le renverser. Le Général Jean-Pierre Somao Gbodo Mbele, un Ngbaka de Libenge et Emmanuel (Dungia, un Ngbaka de Gemena, dans le Sud-Ubangi, agent de l’AND en poste diplomatique au Vatican (1986-89), seront pointés du doigt.»

Conduire la politique de la nation, c’est chercher à alléger l’appauvrissement et la misère des Congolais, à trouver des solutions idoines à leurs préoccupations, en plaçant et en nommant les experts et technocrates aux postes clés. Pour le Président de la République, Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, seules la méritocratie, l’expertise et la technocratie doivent paraitre des critères de choix des animateurs politiques, sans référence aux flagellations tribales et ethniques pourvu que le peuple se retrouve au finish, en adoptant une politique qui tend à l’amélioration du produit intérieur brut (PIB) avec une part consistante réservée aux Congolais; une politique qui crée des richesses sans investissements directs à l’étranger, ou investissements directs étrangers (IDE en abrégé, traduction de l’acronyme anglais FDI pour Foreign Direct Investment), également appelés investissements directs internationaux (IDI) par l’OCDE – les mouvements internationaux de capitaux réalisés en vue de créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le contrôle (ou une influence significative) sur la gestion d’une entreprise étrangère. Malheureusement c’est la triste réalité du climat politique et économique en RDC présentement, avec les banques, l’industrie extractive, les télécommunications et autres nouvelles technologies de l’information et de communication (NTIC), les bâtiments et travaux publics qui sont des entreprises à capitaux majoritairement étrangers.

Ces railleries tribalistes par Lamuka et certains politiciens véreux, loin d’être une privation de quiétude pour que le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’emploie davantage à trouver les solutions aux multiples problèmes auxquels fait face le peuple du jour au jour; elles doivent cependant jouir d’une interprétation, par le pouvoir en place, que le peuple scrute chaque prise de décision et chaque étape d’avancement et des réalisations qui s’appliquent pour satisfaire ses aspirations. Il serait idéaliste d’inventer et d’adopter une stratégie, un modèle qui serait reproduit lorsqu’on considère la prolifération d’associations tribales. Dans le Haut-Katanga par exemple, il est fréquent d’apprendre qu’une association de ressortissants d’un coin de la province recommande des individus aux postes de responsabilité publique de libérer telle ou telle autre autorité politique en prison pour malversations financières et détournements, voire tout crime et soutien; idem pour les ressortissants de l’Equateur avec Cardinal Ambongo et du Grand Kivu pour le cas Kamerhe Vital, du Bas-Congo, exception faite des kasaiens pour l’heure.

On avait remarqué qu’au début de l’année 1980, le Chef du CND, Mokolo, était à couteaux tirés avec le Conseiller Spécial à la sécurité du président, Seti Yale, un autre métis Ngbandi en plus de Kengo wa Dondo. Mobutu confrontera les deux pour régler les comptes de manière familiale, étant tous de la même tribu. A chaque fois qu’il y avait un conflit au niveau d l’appareil sécuritaire tenu par les Ngbandis qui s’accusaient mutuellement pour avoir l’attention de Mobutu, ils étaient épargnés; aucune sanction exemplaire à leur endroit, ce qui n’avait jamais été le cas pour les autres, même s’il avait arrêté Mokolo en 1980 (qu’il relâchera quelques semaines après pour l’envoyer comme en Ambassadeur en France) avant de dissoudre le CND. Ce service reprendra vie plus tard avec la mise en place du Centre National de Recherche et Information (CNRI) et la création du Service Nationale d’Intelligence (SNI). CNRI et SNI se sont mués au sein de l’AND que Mokolo avait dirigé comme Directeur Général avant d’être remplacé par le Général de l’Armée, Likulia Bolongo dans le cadre des consultations populaires –fin des années 80.

Quand Honoré Ngbanda est affecté au Département de la Documentation Extérieure du Centre National de Documentation (CND/DDE), le climat au sein de la sécurité avait pris une autre tournure. Entre 1972-1973 il avait effectué des stages de formations en Allemagne, d’où il retournera Breveté, et travailla comme Assistant Principal du Directeur du Service de Documentation Extérieure, Edouard Mokolo wa Mpombo. Il sera muté en Belgique pour gérer le centre culturel zaïrois à l’ambassade de la République du Zaïre. Il va en profiter pour recruter les mouchards et infiltrer les milieux zaïrois afin d’identifier ceux de ces zaïrois qui collaboraient avec les ex-gendarmes katangais. Cette façon de faire les choses n’avait pas plus à l’Ambassadeur Inonga Lokonga Lome. Honoré adressa un BI (Bulletin d’Information) à Kinshasa dans lequel il avait accusé l’Ambassadeur d’être entré en contact avec Monguya André en 1979; mensonge! Lokonga Lome fut rappelé et remplacé par Léon Kengo wa Dondo qui n’avait jamais voulu travailler avec Ngbanda. Kengo est natif de Libenge (Sud-Ubangi), dans l’ancienne province de l’Equateur (Nord-Ouest), alors que Ngbanda est un Ngbandi du Nord-Ubangi. Les deux hommes ne s’apprécieront guère tout au long de leur parcours aux côtés de Mobutu, heureusement qu’ils étaient consanguins avec le Président. Le contraire aurait abouti aux exterminations et exécutions sommaires sans aucune autre forme de procès.

Après qu’il eut prononcé son discours du 04 Octobre 1973 dans lequel il rompait les relations diplomatiques avec l’état hébreux, Mobutu était revenu sur sa décision au bout de 9 ans après la restitution d’une partie de Sinaï à l’Egypte. Cette nouvelle ouverture avec Israël avait été rendue possible par des missions discrètes du Centre National de Documentation (CND) dirigé à l’époque par le duo Nkema (Administrateur Général) et Ngbanda, son Adjoint. Une autre lutte fratricide avait eu lieu pour la désignation du futur Chef de Mission Diplomatique à Tel-Aviv. Sur le plan national et régional (Equateur), les deux camps autour du Président s’affrontaient. D’un côté, Jean Seti Yale, alors Conseiller spécial en matières de sécurité de Mobutu, de l’autre, Nkema Liloo, le patron des services extérieurs du CND rivalisaient d’influence auprès de Mobutu. Seti, alors tout-puissant, remporte la partie. Il avait fait nommer comme Ambassadeur à Tel-Aviv son protégé, Mbuze Nsomi; une pilule amère pour Honoré Ngbanda qui rêvait de ce poste. Pour atténuer les ardeurs revanchardes de Ngbanda, Mobutu le nomma Ministre-Conseiller à l’Ambassade du Zaïre en Israél. Il avait profité de son séjour dans l’état hébreu pour se mettre au diapason des nouvelles techniques d’intelligence et d’espionnage auprès de Shin Beth, le Service de sécurité intérieure israélien et du Mossad (Institut pour les renseignements et les affaires spéciales). En vrai renard, Ngbanda commençait à noyer son titulaire dans des faux rapports qu’il expédiait régulièrement à Kinshasa. Après en avoir eu assez, Mobutu décida de faire d’Honoré Ngbanda Ambassadeur Plénipotentiaire de la République du Zaïre à Tel-Aviv le 1er janvier 1984, à la place de Mbuze redéployé au Sénégal. Le camp Nkema Lilo a gagné cette fois-ci et de quelle manière? Mais tous les moyens sont bons pourvu qu’ils aboutissent à la satisfaction des objectifs. Des services de sécurité où la ruse, la traitrise, le tribalisme, le trafic d’influence, l’ethnicité et la jalousie étaient les normes de travail, pas au service de la nation, mais à celui d’une seule personnalité, la pérennisation du pouvoir Mobutien, peu importe les méthodes, aussi longtemps qu’on est Ngbandi.

Ayant réalisé son deuxième objectif, après le poste diplomatique très stratégique de Tel-Aviv, Ngbanda veut plaire davantage à Mobutu par la qualité de son travail. Il ramène à Kinshasa Bielo pour en faire son Directeur de cabinet. C’est le début de l’apogée du «flic» Ngbanda dont le rendement sera très apprécié par Mobutu. Cela n’avait pas plu au camp adverse qui comprendra que derrière l’excellent Ngbanda, il y a Bielo, sa matière grise. La bande à Seti ira informer Mobutu que c’est Bielo et non Ngbanda, qui était l’artisan du travail qualitatif de l’AND. C’est alors que Mobutu créera au sein de l’AND, deux nouvelles fonctions: le Secrétariat général et le poste d’Administrateur Général Adjoint en charge de la sécurité intérieure (numéro deux) pour diluer l’incroyable remontada du flic. En divisant pour mieux régner, Mobutu nommait Bielo au poste de Secrétaire Général de l’AND, une fonction taillée sur mesure par Mobutu qui avait compris que Ngbanda n’était pas le cerveau qu’il croyait être; il lui faisait des « fake» rapports pour neutraliser ses concurrents. On l’avait surnommé Ngbanda «Wa Mvene » -Ngbandi qui veut dire menteur. Ngbaka Maboa de Libenge (comme Kengo et Bemba Saolona), Bielo allait directement traiter avec le Maréchal zaïrois, content de son rendement. Il lui donnera certaines directives sans Ngbanda pour simplifier les informations.

S’il faut que l’on y aille par la tribu; à la lumière des rapports émis par Jules Alingeti de l’Inspection Générale des Finances, le nombre des ressortissants lubas impliqués dans les malversations financières est infiniment minime comparé aux autres tribus. Les prémisses d’une logique expliqueraient que les lubas étaient mis en marge de la gestion de la chose publique par les régimes Kabilas. Au demeurant il n’ y a que la tribu luba, des toutes les tribus de la RDC, qui a été expulsée d’une autre province, tuée, torturée, épurée, renvoyée chez elle manu militari, même les Ngbandis qui ne sont pas autochtones et dont on situe les origines au soudan du sud (Ndaywel) n’ont pas connu d’ignobles traitements similaires, pourtant les lubas représentent environ 20% de la population totale. Mobutu avait interdit tout investissement vers Mbuji-Mayi jusqu’en 1984 lorsque Mukamba Kadiata Nzemba entama les pourparlers avec les dirigeants de l’époque pour alléger la mesure. Rocambolesque décision qui s’est endurcie dans les années 90 quand les lubas, diamantaires fortunés, avaient établi la ligne directe Mbuji-Mayi – Johannesburg. Wetrafa, Vantraska, Fontshi, Kadima Mao (chanté par Simaro dans Merci Ba Pesa Na Bua), Madimba alignaient 4 à 5 vols par semaine au grand bonheur de la population locale. Cette joie a été raccourcie par la décision gouvernementale que tous les vols à destination de Mbuji-Mayi devraient passer par Kinshasa pour contrôle; y compris les vols domestiques en provenance du Grand Kivu au bord desquels se trouvaient les denrées de première nécessité pour la population du Grand Kasai. Etant enclavé, la SNCC complotait contre les intérêts de cette province. Ses autorités acheminaient à compte-gouttes les marchandises en provenance de la Zambie, du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud vers le Kasaï via Mwene-Ditu. POFUKAS (Pompe Funèbre du Kasai), une société qui avait appartenu au beau-père de l’auteur de ce papier, était souvent en manque du fuel nécessaire pour servir les familles éprouvées. Même les morts lubas étaient punis jusque dans leur sépulcre, il était interdit à Monsieur François Ntumba Kazambu (beau-père) d’acheminer le carburant à Mbuji-Mayi par avion, en partance de Kinshasa. La seule alternative qui lui était disponible était de négocier avec la SCNCC à Lubumbashi et à prix d’or, pour ravitailler le charroi automobile de la pompe funèbre. Ne pouvant plus tenir face à tous ces verrouillages, il avait fini par mettre la clé sous le paillasson. A ce jour, cette population n’arrive pas toujours à décliner l’essence de la méchanceté de la part des autorités de Kinshasa contre son bien-être au grand dam de Mobutu qui affichait pusillanimement son quitus. Le gouvernement de coalition du 1er Ministre Ilunga Ilunkamba avait appliqué la même politique rapportée sur les ondes par Steve Mbikayi alors Ministre des Affaires Sociales. Les débours étaient décaissés pour certaines régions sauf pour le Grand Kasai; à chaque fois qu’il en était question, Ilunkamba y opposait son veto. Pourquoi?

L’ancien PDG de la MIBA, Jonas Mukamba Kadiata Nzemba affirmait dans une interview accordée récemment à Christian Lusakueno sur Top Congo que pendant sa période de vache grasse, la MIBA a porté, maintes fois, secours financier aux sociétés comme SNCC, Air-Zaïre, ONATRA et consort; à d’autres, il leur prêtait le jet privé de la société que les régimes Kabilas mettront en moule. Aussi les retombées financières découlant des ventes du diamant kasaien à l’international, ont contribué à la construction de grands édifices sous la 2ème République, y compris le domaine de Kawele et la chapelle-crypte Marie-la-Miséricorde qui abrite le caveau familial à Gbadolite, énormissime domaine imaginé par l’architecte sénégalais Pierre Goudiaby à la demande du maréchal Mobutu, aujourd’hui en ruine. L’histoire se souviendra que les lubas, originaires du Kasaï d’où le diamant est extrait, n’en tirent pas profit comme il l’aurait fallu, le polygone diamantifère, un gisement qui renferme des réserves importantes dans la périphérie de la MIBA, était un «no-go zone» farouchement gardé par une garde spéciale. C’est le diamant exploité de manière artisanale par les creuseurs ambulants qu’achetaient les grands commerçants diamantaires. En 1977, Mobutu dépêcha nuitamment un escadron de la mort qui avait fait des jeunes creuseurs une boucherie-le Massacre de Katekelayi-sur un autre gisement. Une mauvaise foi jonchée d’un tribalisme exercé dans le fief des autochtones. Les kabilas ne changèrent rien à la donne, le Président Mze Laurent Kabila, ne sachant rien de la fonction du Chef de l’Etat et de ses prérogatives, s’était improvisé vendeur des pierres précieuses et le diamant n’était pas l’exception, mauvais trafiquant car il ne maitrisait aucune règle de l’art, il avait ravi une pierre de 32 carats et fait arrêter Ngoyi Kasanji, le propriétaire. Joseph, le fils avait empiré la situation en détruisant complètement cette MIBA qui avait, à elle seule, supporté l’ardoise financière inhérente à la 2ème guerre, sans pouvoir renouveler son outil de production. Remuant le couteau dans la plaie, le jeune Kabila délaissa la MIBA, pour construire sa propre société diamantifère, SACIM Sarl qui fonctionne en plein régime dans le territoire de Miabi. Oser épingler le tribalisme au service du Président Félix Antoine Tshisekedi est un batifolage insouciant, lorsque les régimes Kabilas ont délibérément arrêté les opérations de MIBA, ponctionnée à maintes reprises, et dont le Grand Kasai était tributaire, pour paupériser la population. La MIBA était le seul employeur majeur de toute la province. Qu’ont fait les régimes précédents de tous ces travailleurs aujourd’hui au chômage? Ils les ont laissés à la pâture jusqu’à offrir une plateforme à Israël Mutombo de Bosolo na Politique (se vantant avidement d’être journaliste d’investigations-nuance), de porter un jugement sévère sur les ressortissants, les leaders d’opinion ainsi que les politiciens du Kasaï, d’avoir négligé la province sans en connaitre la genèse et ses méandres.

Le général Mayele, un vrai « warrior» avait acquis une notoriété et une popularité d’envergure après avoir sauté sur Kolwezi à la tête de la 31e brigade parachutiste –CETA et tint l’aéroport jusqu’à l’arrivée des légionnaires français et des Marocains du Colonel Loubaris en pleine guerre du Shaba. Ce qui lui avait attiré les admirations du CFMG de l’époque, le général Bumba, un Mbunza, commandant en chef des FAZ et surtout du colonel Ikuku dont le surnom « Serpent de rail» lui valurent des jalousies tribales et ethniques (musakata du Bandundu) jusqu’au sabotage de son hélicoptère dont le crash avait causé sa mort. Un vaillant combattant, un militaire aguerri, Donatien Marc, Général de Corps d’Armée, à juste titre par ailleurs– plus que les civils de la trempe de Baramoto, n’a pas réussi à valoriser une armée nationale au leadership «ngbanditisé» à outrance. Il était rarement en odeur de sainteté avec les autorités de la deuxième république, la faute à ses origines non Ngbandies et ses excellentissimes vertus. Souvent, il avait la vie sauve grâce à son régionalisme – de la même région que le Président Fondateur, sinon il aurait subi la loi du Léviathan et éliminé physiquement comme plusieurs avant lui, à l’instar du Colonel Tshibangu (un luba tué dans un accident de circulation monté de toutes pièces), et l’un des trois premiers instructeurs du Centre de Formation Commando de Kotakoli avec un officier belge, le Major Bebronne, qui l’a créé en 1965 et le Général de Brigade (devenu) Engona Kamba – un Libinza dont la bravoure et les techniques au combat n’ont jamais été portées aux nues car étant de la partie sud de l’Equateur – le Mezzogiorno de la province. Mayele fut bénéficiaire d’une des dernières largesses du Président; il s’était approprié un domaine, sa plantation d’Ebonda, qui lui avait valu U$D 1.000.000,00- une somme faramineuse, cadeau de Mobutu par le truchement de l’ancien gouverneur de la Banque Centrale du Zaïre, Nyembo Shabani. Il y est resté pendant sa période de vache maigre (jusqu’à son rappel par Mobutu, malade, pour mater Kabila et AFDL – hélas, c’est déjà trop tard), et veillait à sa rentabilité commerciale avec un contrat à la clé conclu avec Marsavco pour le ravitaillement en huile de palme. Figure de proie, Mayele aurait joué un rôle de premier plan dans l’après Mobutu, mais Kagame s’opposait farouchement à cette idée. Le président Rwandais se rappelait que c’était au cours d’un combat contre les FAZ, sous la houlette de Mayele en renfort aux troupes de Juvénal Habyarimana, que le FPR avait perdu son tout premier Chef Militaire, le Commandant Fred Rwigyema.

L’ethnicité avait atteint son paroxysme quand, à la chute du régime de la deuxième république, Mobutu convoquait une réunion à laquelle prirent part Mayele, Likulia et Ilunga. Au cours de celle-ci ces trois généraux (CFMG, 1er Ministre et Ministre de la Défense respectivement, les deux derniers étant membres du dernier gouvernement dans la vie de Mobutu) avaient demandé à Mobutu de quitter Kinshasa et de se rendre à Gbadolite, incapables d’assurer sa sécurité à Kinshasa. Mobutu refuse! Mais à la deuxième réunion qu’il convoquera le soir, le même jour, il n’ y a que les généraux ngbandis qui sont présents, dont Bolozi, Vungbo, Nzimbi, Wezago, son adjoint à la tête de la DSP, et, au bout du fil, se trouvait Baramoto. A cette 2ème réunion, les voix s’étaient élevées pour dénoncer la traitrise dans le chef de certains généraux qu’il fallût éliminer. Mobutu leur parla de son départ pour Gbadolite le lendemain, à chacun ses dispositions. Une fois séparés tard dans la nuit, les généraux prennent la direction de la résidence de Baramoto Kpara «Barafeu» au GB où ils se sont rassemblés pour la 3ème fois en en 24 heures, rien qu’avec des officiers ngbandis. Aux petites heures du matin, la réunion terminée, ils apprêtent la liste des traitres avec Mayele en tête. En même temps, ils préparent leur coup contre le Maréchal qui les abandonnait. Ils se sont sentis orphelins et sans protection alors qu’ADFL était aux portes de Kinshasa. Par intuition ou génie humaniste, le flair du pilote présidentiel, Mukandila (un luba), s’était avéré salvateur avec avis favorable du lieutenant-colonel, Motorola Elabe Hilaire- Commandant Motoko (voir photo), le fidèle garde du corps du Maréchal jusqu’à sa mort. Il est mort le 09 Août 2021 à Liège-Belgique. Ils ont sauvé Mobutu d’un assassinat par les siens; Mukandila fera décoller l’avion présidentiel, pour la dernière fois, dans le sens contraire du vent à l’aéroport de Ndjili. «Ainsi sonna le glas»!

Le tribalisme est le plus souvent opposé aux notions d’unité et de cohésion nationales qui transfigurent l’économie congolaise et amorcent un réel élan vers l’émergence Le particularisme ethnique peut se transformer en régionalisme qui empêche l’intégration des populations et qui favorise l’éclosion des mouvements sécessionnistes identitaires. Les sécessions du Katanga et du Sud Kasaï sont une résultante du tribalisme. La nominations de Kabedi Mbuyi à la Banque Centrale, l’élection du Professeur Dieudonné Kaluba Dibwa Président de la Cour Constitutionnelle torpillent-elles que les nominations de Matungulu à la BAD, de Jules Alingeti à l’IGF, de Nyembo comme Directeur de Cabinet du Président, de Kasongo Mwema Yamba Yamba comme porte-parole du Président, de Ngindu à la Presse Présidentielle, de Sam Lukonde comme 1er Ministre, de Kyungu wa Kumuanza comme PCA à la SNCC, ainsi que de l’élection de Bahati Lukwebo à la présidence du Sénat et de Mbosso Kodia Puanga à celle de l’Assemblée Nationale ne sont plus des compétences autres que celles luba? Ne s’agissait-il pas du tribalisme lorsque Noël Tshiani appelé par Mze Laurent Kabila faire de lui, le prochain gouverneur de la Banque Centrale du Congo en 1998, s’est buté au refus catégorique des compagnons de Laurent Désiré Kabila dans AFDL et de ses frères du Katanga, qui s’étaient tous opposés à la nomination d’un muluba à la tête de l’institut d’émission national? Il s’avère paradoxal que deux 1ers Ministres, Antoine Gizenga et Adolphe Muzito, tous ressortissants du Bandundu, se soient succédé à la Primature sans que les congolais mentionnent le nombre des mpangis qui y avaient trouvé du travail alors que personne ne fit allusion au tribalisme. Le nombre des casseroles à fufu aux «mikubus » préparés dans la cour de la primature (Mike Mukebayi) pendant la pause témoigne du climat tribal qui siégeait dans la cour du bureau de Chef du Gouvernement. Un tribalisme amnésique et applicable aux lubas uniquement quand à la Banque Centrale, Mutomb avait succédé à Jean Claude Masangu, tous katangais. Pour la toute première fois dans l’existence de la RDC qu’un muluba est nommé Gouverneur de la Banque Centrale, les opposants ont dénoncé le tribalisme. Rien de tel ne fut exprimé quand 4 gouverneurs de l’Equateur se remplaçaient à la Banque Centrale: Jules-Fontaine Sambwa (1970–1977), Charles Bofossa W’ambea Nkosso (1977–1979), Jules Croy Emony Mondanga (1979–1981) et Jules-Fontaine Sambwa (1981–1985, second mandat). Une démonstration inhumaine d’une haine viscérale contre les lubas.

Dans la pratique de ses interventions chirurgicales de réparation de la femme congolaise, Dr Mukwege ne fait jamais de distinction relative aux origines tribales de toutes ses patientes; et les larmes qu’il a toujours versées au vu de ces atrocités consécutives au viol, ne le sont pas pour les femmes ressortissantes de sa tribu uniquement, elles sont nationales, émeuvent tout le monde entier et revêtent un caractère interpellateur. Il serait prudemment conseillé de mettre l’accent sur ce qui unit les congolais plutôt que sur ce qui les divise; le tribalisme est létal. Le Président de la République, son gouvernement et le parlement auxquels il sera demandé d’amender certaines dispositions de la constitution afin qu’elles se conforment aux réalités nationales sur le terrain, ne se tromperait guère en faisant de Mukwege, Ministre du nouveau Ministère d’Intégration Nationale. Les gouverneurs de Provinces devraient être nommés pour ralentir la prolifération des pensées ethniques.

Pour paraphraser le professeur Fweley Diangitukwa: «Les Congolais doivent avoir le courage de regarder le tribalisme et d’interroger ses méfaits. Un citoyen congolais tribaliste reste cloisonné à l’intérieur de sa tribu. Ce qui se passe en dehors de sa sphère ne l’intéresse peu sinon pas du tout. Dans sa vie publique ou privée, ce congolais tribaliste se préoccupe exclusivement du développement de sa famille, de sa tribu, de sa région d’origine et de sa province ou de son département. La modernisation des autres régions ou du pays dans son ensemble ne l’intéresse pas sinon très peu. Le tribalisme défavorise toujours l’éclosion du sentiment national ». Les guerres tribales ainsi identifiées précédemment, ouvrent la voie aux cloisonnements ethniques et favorisent le développement de la conscience tribale au détriment de la conscience nationale. C’est dans ce contexte que le tribalisme demeurera toujours un gros obstacle au développement

Il est interdit à cette République du Congo, don béni et tant chérie par ses citoyens de cultiver et d’entretenir le tribalisme. L’ethnicité accouchera d’un malaise qui élira domicile au sein de l’administration publique et qui se traduira par des enrichissements illicites, des mesures arbitraires et intempestives de révocation, de suspension, de mise à la retraite au mépris des textes législatifs et réglementaires en vigueur, la lenteur dans le traitement des dossiers des agents de carrière de l’Etat, des nominations sur fond de népotisme, clientélisme, la léthargie voire le laxisme dans la correction des décisions prises par erreur ou encore entachées d’irrégularités. Ses corollaires seront également multiples: des milliers de fonctionnaires seront affectés par ces injustices, les ministres mettront en place une équipe clientéliste de fonctionnaires, des secrétaires généraux, des directeurs et d’autres cadres seront suspendus en dehors du format légal de la procédure, ou ils seront désaffectés sans raison apparente. D’autres seront traduits faussement en justice, et quand bien même ils s’en sortiront faute de preuve, les ministres refuseront de les replacer dans leurs fonctions et grades. Aucun pays n’a réussi à constituer des réserves substantielles pour relancer les secteurs porteurs de croissance économique et assurer son indépendance à travers les pratiques tribales et d’ethnicité.

JEFF M. KATALA